Tiny : The Life of Erin Blackwell (2016) de Martin Bell

Une trentaine d'années après le premier doc (Streetwise) nous montrant des gamins en début d'adolescence dans les rues de Seattle (au programme : drogue, prostitution, chapardage, mendicité et survie), Martin Bell revient sur la "star" du doc, Tiny. Les images devraient ci-dessus suffire pour démontrer que Tiny est devenue Obèsy, ces trente ans au compteur se voyant terriblement au niveau du réservoir... La bonne nouvelle, c'est que Tiny ne se prostitue plus. Les mauvaises, c'est qu'elle se drogue, maintenant, et qu'elle a pondu depuis pas moins de dix gamins. Alors, bon, c'est vrai que les quatre premiers (elle est tombée enceinte à 15 ans), lui ont un peu "échappé", on va dire, et qu'elle n'a pas pu avoir la garde bien longtemps. Les six autres (ceux-là du même mari, un black à la voix grave... qui a finit par quitter la baraque tout en continuant de garder un œil sur les plus jeunes), ils sont bel et bien élevés sous sa coupe et disons-le franchement, même si certaines chtites n'ont pas encore été totalement lessivées, on a affaire à une sacrée équipe de cassos... Faut tout de même dire un truc, sans chercher à porter de jugement bien sûr, la drogue et une certaine pauvreté culturelle, c'est jamais bien bon pour apporter une certaine stabilité affective au sein d'une famille (et je ne parle même pas forcément des quatre premiers qui ont eu cette étrange sentiment d'abandon...). Bref.

Martin Bell a suivi avec une certaine fidélité cette Erin au cours de ces trente dernières années et tente, à ses côtés, de faire le bilan ou tout du moins de la faire réagir sur telle ou telle période de sa vie. Erin n'est pas franchement diserte et peine à toujours avoir une grande lucidité sur sa propre vie. Indéniablement, elle est tombée enceinte trop tôt. Indéniablement, entre sa mère alcoolique et ses prises de drogue, il était difficile d'être totalement responsable de l'éducation de ses premiers enfants... Maintenant, bon an mal an, entre deux prises de méthadone et deux crises de larmes, cette énorme Erin est loin de se foutre de ses ouailles : sa tribu (sans parler de la dizaine de chiots...) l'entoure et Erin tente toujours d'avoir quelques moments avec l'un ou l'autre - on sent une indiscutable affection malgré les engueulades qui partent de temps en temps... Dommage, également, qu'elle semble s'assoupir bien plus souvent qu'à son tour sur le canap du salon et que certains de ses gamins (les plus vieux) se retrouvent totalement laissés à eux-mêmes. Le résultat est simple : ils font également des gamins sans réfléchir au préalable à ce que cela nécessiterait comme encadrement, ils fuguent, tombent dans la drogue, flirtent avec la prison.... Une sorte de méritocratie à l'envers. Une médiocratie en quelque sorte, les chiens ne font pas des chats, ou rarement... On aimerait croire que les plus jeunes pourront s'en relever, on aimerait croire que la grosse Erin va finir un jour par prendre le taureau par les cornes et se mettre à éduquer ses enfants dans un cadre sain... Mouais, difficile tout de même d'être optimiste tant l'on sent qu'elle répète le même laisser-aller que sa mère, un laisser-aller qui n'a déjà déteint que trop sur les premiers rejetons. Un doc sûrement moins brut, moins éprouvant que le premier mais où le pathétisme semble être le maître-mot. L'irresponsabilité poussé à son top et ce même si quelques sourires éclatants d'une gamine ou d'un gamin parviennent à donner un peu de vie et de joie dans cette maisonnée - tout n'est pas totalement "raté", cela reste nos frères humains, hein, mais on ne peut s'empêcher de se dire que tout cela transpire quand même le gâchis par tous les pores... Nos amis les cassos version ricaine, sex, drug, fatness and fuck off...