SERIE : Mum saison 2 de Stefan Golaszewski - 2018
Le bonheur saison 2. C'est le retour, deux ans après, de notre Cathy préférée entourée des mêmes membres branquignoles de la même famille dans la même maison de cette même banlieue banale. On pourrait dire même qu'on reprend exactement les mêmes et qu'on recommence, sans que la trame ne subisse un quelconque revirement, ou que les personnages évoluent vers autre chose : le couple du fils et de la dinde blonde jouent toujours les Tanguy encombrants et joyeux, le frère et son insupportable épouse snobissime continuent à se mépriser copieusement, les deux vieux sont toujours aussi punkoïdes, et l'ami Michael tourne toujours autour de ses sentiments amoureux qu'il a du mal à dévoiler. Devant la perfection de l'acteur (Peter Mullan) et la délicatesse de cette partie du film, les auteurs ont bien compris que c'était sur cet aspect-là qu'il fallait resserrer la trame. La smala est toujours là, bien vivante et bien lourde, mais c'est en effet sur la déclaration sans arrêt empêchée de Michael et Cathy que tourne cette saison, qui du coup se fait encore plus émouvante que la première. Disons qu'elle ne repose plus sur la drôlerie et la justesse des situations (pourtant encore une fois magnifiquement gérées), mais plus sur les minuscules mouvements du cœur de nos deux saucisses qui se disent sans se dire tout en se disant, qui s'achètent des cadeaux mais sont infoutus de se les offrir, qui s'organisent des après-midi à deux mais se laissent envahir par les fâcheux. Les auteurs rivalisent de cruauté pour repousser sans cesse l'accomplissement de cet amour, et à chaque fin d'épisode on se demande bien si ces deux-là vont enfin lâcher les chiens. Il faudra la décision de Michael de déménager en Espagne pour qu'enfin les langues se délient un peu, les mains se rapprochent et le regard des autres soit oublié.
Après un ou deux premiers épisodes un peu hésitants, temps de retrouvailles de ses bases après deux ans d'absence, le charme opère une nouvelle fois en plein. Même si certains personnages semblent cette fois un peu trop poussés dans la caricature (la snobinarde), les auteurs retrouvent une justesse de sentiments épatante, qui évolue vers plus de profondeur : on se rend compte que le fils a un rapport douloureux avec les nouvelles amours de sa mère, que la quiche Kelly doit à la sienne bien des névroses, que les deux vieux s'aiment passionnément (ah le tapotage du coussin de l'aïeul pour y installer les pieds de sa femme !), et au final que Cathy est une femme bien seule, bien tourmentée, bien victimisée. Ce déferlement d'émotions, qui vous fait quitter la série en larmes, n'enlève rien à la drôlerie des situations et des personnages, qui continuent vaillamment à se comporter comme des crétins en toute circonstance. Encore une fois, on est épaté par la richesse de cette série sans façon, de ces petites tragédies sur 100 mètres-carré, de cet enregistrement tout simple de la vie telle qu'elle va (ou ne va pas, mais va quand même) : la mise en scène discrète mais habile (joli montage entre les différents acteurs notamment) et cette musique arrache-cœur font le reste. On adore et on voudrait que ça ne s'arrête jamais. Dieu soit loué, il reste une saison...