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12 mars 2021

Californie Terre promise (California) de John Farrow - 1947

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John Farrow, si j'en crois quelques textes élogieux de Shang, paraît plus talentueux dans le film noir que dans le western. En tout cas, ce California est bien pataud et ennuyeux, malgré deux ou trois détails sympathiques. Tout le suspense du truc repose sur une seule chose : à la fin, oui ou merde, Ray Milland va-t-il embrasser Barbara Stanwyck ? Comme ça ne semble faire aucun pli environ deux minutes après le générique du début, on regarde passer ce film sans vraie tension, attendant patiemment la fameuse pelle qui arrivera, bien entendu, en bonne et due forme à la 97ème minute de ce film de 97 minutes. Entre la première rencontre et cette fin confortable, pas grand-chose à se mettre sous la dent, même si Farrow n'est pas non plus un âne et parvient quand même à trouver la bonne place pour sa caméra et de la compétence pour les scènes qui en exigent. Son grand challenge, c'est de mêler la politique aux habituelles péripéties du western. Le film se déroule durant la construction de la Californie, envahie soudainement par des hordes de pionniers avides d'or. John Trumbo, engagé pour les escorter dans leur voyage, accepte d'embarquer dans le convoi la prostipute-tricheuse au poker et chanteuse Lily Bishop, malgré qu'il en ait : leur haine sera immédiate. Elle augmentera quand la belle annoncera ses noces avec Pharaoh Coffin  (magie des noms), ancien esclavagiste à moitié fou qui a décidé de se présenter au poste de gouverneur de l'état. Trumbo, autant par goût de la rivalité que par conviction humaniste, décide de présenter face à lui son propre candidat, adepte de l'union de la Californie aux Etats-Unis. Ça se jauge d'un camp à l'autre, la main sur le colt (hop, une petite allusion à l'assassinat de Lincoln, au passage), et chacun sera prêt à toutes les vilenies, leur conviction politique cachant mal la lutte pour obtenir la belle Lily.

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Le contexte est pas mal, et assez peu vu dans les westerns traditionnels, d'ordinaire peu embarrassés de véracité historique. C'est déjà ça de pris. Farrow réussit une première demi-heure pas mal, avec ce convoi qui traverse le désert. Si on excepte une introduction chantée au film, insupportable propagande mièvre, le reste remplit son rôle de spectacle : plans vastes sur les dizaines de caravanes, jolis travellings pour nous faire découvrir les personnages, tension glamour entre nos deux tourtereaux, on est servis. La partie culminera avec l'annonce de la découverte de l'or : tous se transforment en bêtes brutes et cupides, et en deux-deux le camp est déserté, tous ayant couru vers le Graal. L'occasion d'un joli cadre sur les milliers d'objets abandonnés dans le désert et d'un discours qui ne mange pas de pain sur la soif de l'or. Ensuite, malheureusement ça se gâte : l'heure suivante est poussive, il ne s'y passe pratiquement rien, et Farrow, perdu devant l'indigence de son scénario, multiplie les moments de bravoure inutiles. Il y a notamment un plan-séquence assez audacieux et techniquement complexe, mais qui arrive sans aucune nécessité et qui du coup fait un peu pétard mouillé. On aime bien le méchant de service, homme au caractère complexe, obsédé par ce qu'il a fait aux Noirs dans le temps, et plutôt bien joué par George Coulouris ; mais face à lui, Ray Milland, à qui le Stetson va comme un tricot de corps à un ver de terre, fait pâle figure : trop psychologique, manquant de glamour et de carrure, il est tout fade. Stanwyck (que je n'ai jamais beaucoup aimée) est mieux, mais son personnage est peu intéressant et incompréhensible (bon sang, mais pourquoi elle gifle Trumbo plutôt que de lui dire qu'elle l'aime ?). Tout ça n'est pas très sexy, assez lugubre, on ronge son frein, ce qui est le comble dans un western.

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Go old west, here

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