SERIE : Stag de Jim Field Smith and George Kay - 2016

Arte nous donne en ce moment l'occasion de tester des séries anglaises tous azimuts, profitons-en. Et dégustons cette série horrifique comique qui part d'un postulat sympathique : l'enterrement de vie de garçon d'un prolo ordinaire, ses potes de lycée qui le rejoignent pour une partie de chasse virile et avinée dans le fin fond de la campagne, et un scénario à la Dix petits nègres qui démarre, chaque personnage se trouvant peu à peu trucidé par un ennemi invisible et sanguinaire. Qui veut décimer cette bande de potes, et surtout pourquoi ? Un film de survie, en quelque sorte, rempli de surprises, de chausses trappes et de retournements de situations, mais raconté avec un ton absurde et non-sensique dont on voit bien les origines (à chercher chez les confrères Monty Pythons). Les mecs tombent avec une régularité de métronome, dans des conditions de plus en plus affreuses, mais ils affrontent tout ça avec un flegme tout british, à moins que ce ne soit le résultat de leur crétinerie profonde. Au milieu d'eux, l'intrus, l'invité en trop, petit mec raffiné dans ce monde de brutes, tente de percer le mystère.

Le souci, c'est que la série ne sait justement pas bien choisir son ton. Pas assez gore pour être fun, pas assez drôle pour qu'on la suive sans ennui, pas assez bien écrite pour qu'on ne cesse pas bien vite de se désintéresser des arcanes de cette sombre affaire. Au bout de quelques scènes seulement,, on se rend compte que tout ça n'ira pas très loin. Trop d'incohérences et d'aberrations dans les caractères des personnages, une façon de cultiver le non-sens mais dans un cadre très naturaliste, des caractères dessinés à très gros traits, on tique pas mal devant ces épisodes qui se veulent spectaculaires et n'existent que pour ça. Il y aurait eu de la place pour laisser s'épaissir le mystère, pour traiter mieux les scènes de meurtre, mais les créateurs semblent concentrés uniquement sur les séquences sans envisager le plan général, sur l'efficacité à tout prix de chaque scène au mépris du dessin d'ensemble. Les acteurs ne sont pas mauvais dans leur petits emplois, mais ça ne suffit pas. Quand le secret de tout ça est enfin, dévoilé, il y a belle lurette qu'on a cessé de s'intéresser à la résolution, tout occupé qu'on est à tenter de comprendre encore pourquoi tel personnage a agi comme ça ou comment tel autre a atterri là... Une petite série (quatre épisodes) en forme de pétard mouillé.