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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
9 décembre 2020

SERIE : Fargo saison 4 de Noah Hawley - 2020

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La violence a toujours fait partie de l'ADN de la série Fargo depuis sa première saison, et même depuis le film-étalon des frères Coen. Mais cette saison 4 franchit un pas supplémentaire, puisqu'elle devient tout simplement le sujet de la série, qui questionne dans le fun l'immuabilité de la violence dans la société américaine, à tous les niveaux sociaux, dans toutes les petites communautés, qu'elle soit d'Etat ou privée, qu'elle soit administrée en groupe ou seul. Elle irradie ces 11 épisodes, semblant remplacer peu à peu l'humour (autre élément éternel de Fargo) : il est bien toujours là, mais cette fois-ci il passe derrière la brutalité, et on se retrouve au bout de la série avec un curieux sentiment de mélancolie teintée de nihilisme. La violence a toujours existé et durera toujours, c'est bien le message qui semble nous être administré ici.

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Ecartant largement sa trame par rapport aux saisons précédentes, cette cuvée 2020 s'intéresse à de vastes groupes plutôt qu'à des individus. En l’occurrence, deux gangs ennemis à Kansas City dans les années 50 : d'un côté les Italiens, leurs codes surannés issus de la mafia, leur brutalité sèche et hardcore ; de l'autre, les Noirs, leur militantisme et leur désespoir qui les pousse aux pires excès. Deux catégories d'oubliés de l'Amérique, les immigrés qui ont du mal à s'insérer, les fils d'esclaves toujours spoliés, et qui, faute d'attaquer le vrai ennemi (l'Amérique elle-même, son libéralisme sauvage), se livrent une guerre sans merci pour gagner ce coin de territoire. Il y a bien quelques "free-lance", notamment deux femmes outlaws qui naviguent à vue entre les deux clans, ou une infirmière hyper-chelou qui empoisonne les hommes par plaisir, mais le sujet central qui va filer tout au long de cette saison est cet affrontement de plus en plus gore entre les deux clans. A sein de chacun, on repère quelques personnages absolument parfaits : les deux chefs italiens qui se disputent l'autorité, l'un dans la grande tradition mafieuse, l'autre dans une certaine forme de diplomatie ; le boss black (Chris Rock, méconnaissable), espèce de vieux sage apaisé ; quelques hommes de main merveilleusement dessinés ; et pour régler leurs comptes, un flic pourri jusqu'au trognon, rempli de tics et de tocs acquis pendant la guerre, et qui va tour à tour trahir les uns et les autres. Ajoutez-y un gosse enlevé à un camp pour aller dans l'autre, son ange-gardien, une adolescente un peu trop curieuse, un inspecteur mormon sirupeux, et vous aurez un aperçu de l'ambition de la série, qui brasse les destins et les personnages en maître, sans jamais nous égarer, en restant toujours dans le plaisir de découvrir où va les entraîner leur folie.

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Même si, encore une fois, on regrette que toute la série ne soit pas réalisée par le même metteur en scène, ce qui handicape certains épisodes (le 9ème, notamment, qui se veut hyper original et décalé (puisque dans toute série, depuis l'épisode de la mouche dans Breaking Bad, il faut un décrochage à un moment donné), est raté), on ne peut que s'incliner devant la forme hyper-maîtrisée du récit et de sa réalisation. C'est beau à regarder, tout simplement, et la science du montage qui ne se dément jamais, et nous fait passer d'un destin à un autre, est tout simplement magistral. On est épaté par les situations absurdo-improbables que les auteurs inventent, d'autant qu'on croit à toutes et qu'on tremble pour toutes. On s'attache même aux personnages les plus "freaks", désolé quand ils se font dézinguer, la plupart du temps salement. Tout le monde, absolument tout le monde, est pourri jusqu'à l'os là-dedans, des flics aux voyous, des jeunes aux vieux, des femmes aux hommes, et pourtant il y a là-dedans une patte humaine qui fait chaud au cœur. Les gusses sont bons pour planter des atmosphères, pour amener de la violence aux moments-clé, pour faire monter la tension (la longue scène depalmesque d'attaque dans la gare), pour désamorcer par le rire un moment de suspense, bref c'est parfait. Tout ça est mis au service d'un discours pourtant très noir : une fois les 9/10èmes de la distribution gisant dans la neige, on se rend compte que tout ça n'a servi à rien, que toutes ces morts violentes n'ont absolument pas fait avancer le schmilblick, et que la violence reste, immortelle. Après une saison 3 ratée, cette saison 4, impressionnante jusqu'à rappeler parfois Il était une fois en Amérique, est une merveille.

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Commentaires
B
Beurk, cette nouvelle saison ! Empilade de clichés sur les gangs et communautés (surtout italienne), de caricatures abominables (le pauvre Salvatore Esposito de Gomorra, complètement gâché), de pose et de verbiage tarantinesques qui étaient amusants il y a 30 ans, d'effets visuels ringards (le split-screen digne d'une version bêta de Windows MovieMaker 2000),.. Incroyable, après la malice et la singularité des trois premières saisons (eh non, la 3 n'est pas du tout ratée, mon cher Gols, mais alors pas du tout !), que les auteurs se vautrent dans une telle grosseur de trait, une telle facilité visuelle et scénaristique ! Absolument aucun personnage n'est vaguement humain ou attachant là-dedans. Aucun. Ce nouveau Fargo est une grosse blague bien trop longue.<br /> <br /> Il était une fois en Amérique ? Gols... GOLS !
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P
Bien le bonjour, puis-je vous suggérer la série Devs sur laquelle j'aimerais connaître votre avis ? Si vous n'aimez pas, à tout le moins vous tomberez pour sa bande-son.
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