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3 décembre 2020

SERIE : Detectorists - saison 1 de Mackenzie Crook - 2014

detectorists

Ça fait plus que du bien, au milieu des explosions et des geysers de sang proposés par les séries ricaines du moment, de tomber sur un machin aussi doux et réconfortant que Detectorists, série anglaise moins tonitruante mais tout aussi émouvante. Ça parle d'une profonde amitié qui lie les deux protagonistes principaux : Lance, solitaire un peu loser, attiré par une femme qui ne le calcule même pas, champion de quizz mais geek un peu perdu ; et Andy, adulescent famélique au grand cœur, d'une honnêteté sans faille et d'une humanité débordante, tout aussi banal en surface que son pote. Ces deux-là se retrouvent dans une passion commune et peu commune : ils sont "détéctoristes", entendez qu'ils explorent les champs verdoyants de l'Essex, armés de leurs détecteurs à métaux, dans l'espoir de mettre la main sur LE trésor fantasmé depuis toujours. En attendant le Graal, ils sont devenus malgré eux les spécialistes de la languette de canette de soda ou de la pièce de monnaie de l'an passé. Mais ils ne lâchent rien, guidés par leurs espoirs, rivés aux "bip" de leurs machines, et, nonobstant, terminant souvent leurs journées au pub du coin. Quand la saison commence, un vieux fou leur donne accès à ses champs, en sous-entendant qu'il y a peut-être là-dessous un tombeau ancien renfermant de l'or en pagaille. Il n'en faut pas plus pour que nos gusses ré-enclenchent leur boîte à fantasmes...

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Mais Detectorists, c'est un ton, une atmosphère, un goût du détail, bien avant d'être une histoire palpitante. De ce côté-là, il n'y a rien ou presque à se mettre sous la dent : il y a bien quelques événements, des engueulades, des concurrents (impayable couple de chercheurs crypto-gays que notre duo compare à Simon et Garfunkel, avec toutes les vannes que ça entraîne), des espoirs et des désespoirs, des tromperies, des trahisons... mais tout est tellement ramené à un quotidien minuscule que ces aventures ne sauraient constituer la beauté de la série. Ce qui émeut, et même parfois bouleverse, c'est le style infiniment doux et réconfortant du film, la beauté des personnages, portés par des acteurs impeccables, la justesse des sentiments, et surtout l'humour irrésistible qui s'en dégage. Il suffit d'une expression de l'excellent Mackenzie Crook (auteur, réalisateur et acteur), d'une vanne bien placée de Toby Jones, ou du simple portrait d'une communauté barrée soudée dans la même passion chelou, pour qu'on tombe sous le charme. La série parle de façon étonnamment profonde de l'amitié, des goûts (même totalement démodés) qui peuvent rapprocher ces deux hommes ; ça parle aussi de l'amour, grâce au très humain couple central ; ça parle de l'espoir, qui peut se cantonner à dénicher une pièce d'or dans un vaste champ. Et ça parle aussi de l'Angleterre d'aujourd'hui, non seulement à travers ces magnifiques paysages ruraux de l'est du pays, mais surtout à travers le portrait de déclassés, un peu chômeurs, un peu losers, qui constituent une véritable classe sociale. Classe sociale oubliée, petite et modeste, et à laquelle Crook redonne ici la grâce et la beauté. Sous le charme totalement de cette petite série sans trompette ni tambour, qui vous réconcilie avec l'humanité en vous faisant bien marrer au passage.

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