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30 octobre 2020

Fanny (1932) de Marc Allégret

"Ce mariage est une gabegie !"

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Alors oui, je sais que cela tourne un peu au vice d'enchaîner en si peu de temps Marius et Fanny - on parvient à garder un semblant de calme pendant un temps mais c'est vrai que trop (d'accent et d'esbroufe marseillaise) c'est trop ; autant vous dire qu'il faudra patienter pour la fin de la trilogie. Pas vraiment de surprise ici puisqu'on prend les même et qu'on recommence quasiment à zéro. Marius s'est barré sur son bateau, laissant la pauvre Fanny alone et en cloque. Le vieux Panisse ne perd pas le nord et décide de redemander la main de la jeune fille ; toutes les balles sont dans son camp : le père est barré, donner naissance à un bâtard serait une honte qui rejaillirait sur toute une famille, il a la thune... Fanny voit bien que pour sa famille comme pour le gamin, ce mariage serait la meilleure des solutions pour "garder la face" (l’amour est secondaire, eh oui, cela s’appelle le pragmatisme des thirties). Seulement voilà, deux ans après Marius revient et prend connaissance des faits (mariage + gamin) : cela va-t-il changer la donne (Fanny is still in love avec lui) ou point (allez, casse-toi, va voyager, laisse les femmes et les vieux gérer).

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Pas facile de se retaper deux heures de discussion sur une trame aussi mince mais comme Pagnol aime les mots, les engueulades, les mots et les engueulades, ce sera bien deux heures qu'il faudra se taper - quasiment qu'en intérieur, est-il besoin de le préciser (quelques images en extérieur, une visite à la Sainte-Vierge, une partie de boule avec un tram !, une cascade en bateau... cela reste maigre). Sans surprise, c'est une nouvelle fois le gars Raimu qui prend les commandes et assure l'essentiel du spectacle : sa mauvaise foi, ses emportements soudains, ses radoucissements tout aussi brutaux et puis son côté finalement très terre-à-terre. Il parvient encore à nous dérider aux entournures avec deux trois réflexions d'une pure mauvaise foi ou encore par son utilisation savante du mot "gabegie", un mot cher au cœur de Gols comme au mien - au moins, on se dit que rien que pour cette tirade sur le mariage, cela valait presque le coup de revoir cette pagnolade ; c'est quand même cher payé. On ne va pas revenir sur le jeu ultra-mélodramatique de Fanny ou du Marius qui finit par frôler le ridicule ou par le jeu froid comme la pluie de la grosse bonbonne Pannisse ; notons simplement ici l'arrivée de divers seconds rôles (Vattier, Maupi...) censés amener un peu de burlesque provençal à la chose (c'est bon enfant, dirons-nous, on ne creusera pas plus loin). Un amour impossible façon tragédie grecque à la sauce de Marcel, il faut quand même avoir l'estomac solide pour tenir jusqu'au bout... Allégret, au niveau mise en scène, reste dans la lignée du (non) style de Korda, changeant un poil l'angle de la caméra pour couper les scènes les plus longues et tentant de jongler avec les faux raccords – souvent difficiles à éviter tant le gars Raimu est toujours en mouvement (le montage est du coup parfois un peu brutal mais bon, on est en 1932, restons bienveillant). Un bon vieux pudding théâtralisé de la cinématographie française qui demande une bonne dose de pugnacité pour finir son assiette. Raimu revu repus. Pfiou..

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