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21 octobre 2020

LIVRE : Mes Fous de Jean-Pierre Martin - 2020

41cXhT7u-3LVous voulez tout savoir sur le schizophrène paranoïde qui se trouve dans votre entourage – ou simplement en vous ? Jean-Pierre Martin s'autofictionne et nous conte un petit récit de la folie ordinaire aux allures de psychothérapie personnel. Comme il le dit lui-même, il aime à « sonder les fous », il les décèle, à chaque coin de rue, il les observe, et surtout il les attire. Un surplus d'empathie, une sorte de solidarité humaine, une façon de voir chez le fou un reflet légèrement déformé de soi-même ? Sa recherche, son étude est quasi systématique (si vous voulez une bibliographie sur le thème de la folie, vous y piocherez aisément quelques références) et le mène au bord de la folie (douce) lui-même... Mais le point de départ de cette histoire est sans aucun doute à trouver dans la personnalité, dans les troubles de l'un de ses proches : Constance, la fille du narrateur, depuis son adolescence, est atteint de troubles schizophrènes ; plutôt que de botter en touche, plutôt que de se soustraire à ses responsabilité, Sandor ne s'endort point sur son petit confort et se questionne nuit et jour sur ce problème - quitte à sombrer à son tour dans une sorte d'apathie, de dépression... Il quitte son taff, sa femme se sépare de lui, et il passe sa vie au milieu de personnes un brin toquées et de livres traitant du problème. Le sujet est lourd et poussera notre homme dans ses derniers retranchements (partir habiter au Monastier, c'est la dernière limite - une fois ce bout du monde atteint, il n'y a plus rien, la Terre prend fin. Martin, bienheureusement, ne tombe dans la complainte pour la complainte ; on sent en lui un désir irrépressible de comprendre ces troubles, en les approchant, en les touchant du doigt, en se les appropriant. Je n'irai pas jusqu'à dire que le ton de ce récit, de ce roman, est particulièrement léger mais il ne tombe pas non plus dans un pessimiste forcené qui finirait par nous faire voir ce putain de monde comme un pauvre trou noir - comme si finalement, les plus fous, c'étaient nous, ceux qui continuent bêtement d'y croire, de trouver un sens à cette vie vide de sens. On sent que le narrateur est prêt, dans sa recherche, à y laisser des plumes mais il tente de rester lucide jusqu'au bout quant au maintien de son propre équilibre ; oui, il est aussi question, par la bande, par les plates-bandes même, d'écologie, de collapsologie, autant de petits thèmes à la mode qui prônent l'amour du poireau et la haine du chasseur ; là encore, le narrateur, par le biais de l'évocation de l'un de ses autres fils, tente de se frotter au problème sans a priori primaire. Un bouquin, au final, qui touche à des sujets pour le moins sensibles et qui le fait avec tact, dans un style agréablement fluide. Pour titiller le schizophrène qui est en chacun de nous. Salutaire et empathique (le maître mot de la sélection du Goncourt, apparemment)

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