LIVRE : Avis de grand Froid (Winter Warning) de Jerome Charyn - 2020

Cela faisait bien longtemps qu'on avait laissé tomber Charyn et ses aventures du Commissaire Sidel (douzième apparition du flic au glock) ; on avait d'ailleurs dû rater trois-quatre ouvrages, en passant, de cette saga. Mais bref, nous revoilà face à cet homme quasi immortel qui n'est devenu rien d'autre que le POTUS - pour les intimes. Depuis qu'il est à la tête de la Maison Blanche, sa tête ne cesse d'être mise à prix, toute sorte d'histoires se faisant entendre sur les conjurations (une loterie mettant sa mort en jeu) et sur ses potentiels ennemis (des services secrets israéliens à des éditeurs boches en passant par des pontes du tatouages venus tout droit de Sibérie - et ce sans parler de ses proches, la vie politique et ses coups bas étant une tragédie en soi). Notre homme n'a heureusement pas froid aux yeux et muni de son glock sait aller au-devant de ses interlocuteurs et des menaces... Des tueurs à la fine lame, des bombes, des femmes maniant le fer à repasser en samouraï, Isaac Sidel aura plus d'une fois chaud aux fesses ne sachant plus à quel saint se vouer, à qui faire confiance (surtout pas ses propres agents de renseignement) pour parvenir à s'extraire de cet enfer. Il ne fait pas bon être le dernier homme de gauche aux States (voire sur cette planète) en ces temps de spéculation en tout genre et d'intérêts financiers énormes... Le commissaire devenu président saura-t-il se défaire de tous ses pièges ?

Notre homme, prenant pour référence autant Roosevelt que Lincoln, ne cessant de s'inspirer de Kafka ou de marcher dans les pas de Miller, continue de tromper la mort et d'être fidèle à ses convictions : aider les plus démunis, les orphelins, partager les richesses, désengorger les prisons (il se rendra lui-même dans le septième cercle de l'enfer - la prison de Rikers Island - avec pour tout compagnon une chatte énervée). Les personnages sont toujours aussi truculents, les rebondissements multiples et Charyn de brasser tout ce petit monde d'agents secrets, d'hommes de mains et de mafieux avec toujours la même maestria. On prend plaisir à retrouver le même ton mi-ironique mi-désenchanté de ce commissaire qui cherche toujours à braver les dangers avant que ceux-ci ne lui tombent sur le nez. Cela reste du bon petit polar de divertissement avec ses imbroglios qui se démêlent d'un coup de vent et ses sombres personnages auxquels Sidel parvient toujours à faire de l'ombre. Une cuvée bien frappée, relativement enlevée.