Médiumnité (1978) de Jean-Claude Brisseau

Ah oui une œuvre un peu moins aimable de Brisseau même si on retrouve quelques-uns des thèmes de ces futurs films plus "pro" : l'éducation, l'amour déçu et le spiritualisme... Brisseau himself, prof, vit avec Maria Luisa Garcia, prof, et elle s'emmerde. Il a beau lui faire l'amour dans les prés, non, rien ne se passe, rien ne vibre en elle. Elle décide donc de faire chambre à part, de quitter l'éducation et de se concentrer sur ses dons de médium : discussion avec les morts, cuiller qui bouge, table qui vole... Elle s'enferme de plus en plus dans son monde pendant que lui traîne sa tristesse avec les élèves qu'il côtoie lors de ses cours particuliers...

C'est triste à mourir, c'est une chose, mais c'est surtout un peu foutraque... Au milieu du film, Brisseau rencontre des amis, discutaille, des personnages qui s'éclipsent rapidement ; le récit, après cette petite parenthèse, revient sur les leçons de Brisseau (petite leçon d'histoire in extenso : morale, l'homme est niquedouille par rapport à l'Histoire de l'humanité - un motif de plus de dépression, cool), ses engueulades avec sa compagne (qui apparaît et disparaît (littéralement) et réapparaît subrepticement... avant de disparaître une bonne fois pour toute de sa vie) et son affection pour ses élèves... qui lui rendent bien, une gamine montrant de plus en plus d'affection pour ce prof à la limite du suicide (les prémices de Noce blanche, en un sens, sans qu'ici cet "amour" ne dégénère - ça tombe bien vu que la fille est quand même super mineure). On sent des élans de frustration, des velléités spirituelles (une ouverture sur un autre monde qui ne nous mène ici pas très loin) et un vague-à-l'âme indéniable chez ce prof sans doute trop terre à terre pour profiter pleinement de cette joyeuse vie en banlieue dégueulasse. Une œuvre de transition qui permet à Brisseau de brasser quelques-uns de ses thèmes de prédilection, une œuvre un peu bancale, brouillonne, qui ne laisse que peu de chance à l'amour dit "classique". Moyenité.