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22 juillet 2020

Été 85 (2020) de François Ozon

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Ozon nous fait le coup des vacances du temps béni de l’adolescence et le résultat, à défaut d'être franchement palpitant, ne manque pas de fraîcheur. Si on veut voir le bon côté des choses, on peut évoquer la présence de ces deux jeunes acteurs, notamment Benjamin Voisin, qui ne manque pas de charisme et de naturel ; si on veut voir la face plus sombre de l'histoire, on pourra noter que cette construction en flash-back (un des jeunes est accusé d'un "crime") est non seulement un peu artificielle mais surtout un peu "gonflée" (comme si Ozon voulait rajouter un élément de suspense, de "thriller", là où il n'y en a pas forcément besoin). Qu'en est-il de l'histoire sinon ? C'est la sempiternelle ritournelle d'une amitié de vacances entre un certain Alexis, un peu réservé, et le gars David, plus extraverti et musclé comme un melon. Une amitié, une amitié qui a tôt fait, entre The Cure et Jeanne Mas (mon cœur balance) en passant par Rod Stewart, de se transformer en amour... Un amour de quelques semaines qui sera rapidement perturbé par l'arrivée d'une jeune fille et un accident. Les faits sont bruts, soudains, alors même que cette histoire semblait se développer avec un maximum de candeur et de douceur... Seulement voilà, il y en a toujours un des deux qui idéalise un peu plus, et un des deux pour ne pas dire l'autre qui tient un peu plus à sa liberté, à son indépendance (ou tout du moins qui veut le faire croire). Est-ce une raison pour remettre vraiment en cause cet amour d'été ? J'allais cocher rapidement la case "pas forcément".

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Ozon semble à l'aise dans ce retour aux eighties qui n'est pas trop surchargé en éléments vintage, dans cette vision de l'adolescence aussi lumineuse (belle image en effet) que noire (une dispute, une tension et tout s'écroule), dans sa manière de diriger cette équipe d'acteurs, les plus novices comme les plus roublards (Poupaud méconnaissable en prof, Nanty presque bonne en mère concernée, Valéria Bruni Tedeschi assez finaude en mère ultra possessive). On ne peut pas dire que l'on est ébloui par cette petite passion d'été, mais les deux acteurs, qui ont suffisamment de chien, nous font passer un moment pas désagréable en soi... Le climax a lieu lorsque les deux amis/amants se confessent sur leur ressenti, sur leur émotion, l'un se faisant comme un petit plaisir malsain de détruire ce beau château de sable qu'ils ont mis six semaines à construire... Seulement à trop vouloir faire le malin, à trop vouloir tirer sur la corde, à trop vouloir flirter avec l'idée de destruction, on risque fatalement de se prendre un retour de bâton... Il est dommage que cela se termine par une séquence de jugement un peu "fleur bleue" (qui n'a rien à voir avec ce que l'on pouvait craindre au départ), comme si Ozon voulait un peu faire dans la surenchère dramatique (qui tombe à plat). Reste une histoire assez cohérente d'une aventure de vacances avec quelques jolis moments volés de complicité. Un Ozon un peu en dilettante au niveau du fond qui livre un honnête film de vacances.   (Shang - 14/07/20)

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Mmmmm, j'ai trouvé ça proprement nul, moi. Il faut vraiment qu'il y ait eu un confinement et une pénurie de cinéma pour qu'on accorde autant de bienveillance envers ce film ringard et mal foutu, m'est avis, et comme film d'été, à tout prendre, j'aime autant un bon Christian Gion que ce machin anachronique, faux et appuyé. Ozon n'a jamais eu la main très légère quand il s'agissait de dépeindre les infimes tourments du coeur, mais là, on peut dire qu'il use du stabilo pour bien nous faire comprendre le désarroi de son héros (voir la photo ci-dessus : qui donc est le dindon de la farce dans ce trio ? vous avez trois heures). Première opposition virulente envers le texte de Shang : les acteurs sont en-dessous de tout. Où Ozon est-il allé dénicher ces acteurs sans grâce, sans charisme, ce petit minet (ersatz de Jérémie Rénier, dont il ne s'est toujours pas rendu compte qu'il est dans la plupart de ses mauvais films) artificiel, qui ne sait jouer aucune émotion sans grimacer et adresser moult clins d'oeil au public, et ce James Dean du pauvre, en fantasme de magazine pour adolescent, à claquer dès qu'il se prend à crâner et à faire le beau garçon, aussi crédible en vendeur de matériel de pêche que moi au rayon haltères de Décathlon ? Passons sur les seconds rôles, au diapason, entre cette Anglaise qui semble jouer dans un Disney, un Melvil Poupaud qu'on a rarement vu aussi fade et emprunté dans son corps, une Nanty directement sortie du dernier Danny Boon (sa première apparition m'a terrassé), et une Bruni-Tedeschi pas dirigée, dans ses pantoufles de foldingue et justement nulle pour ça (le regard noir qu'elle jette à ce pauvre Alex à la mort de son fils devrait lui valoir des années de purgatoire). Le système-Ozon quant à la direction d'acteurs (je prends des stars, je les dirige pas, et inch allah) accuse ici ses limites : les acteurs gâchent tout le film, de toute façon pas gâté en qualité par ailleurs.

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Ozon rate effectivement toutes les choses qui auraient pu être intéressantes dans ce film qui reste anecdotique. La reconstitution des années 80 s'arrête aux disques de Cure qu'il balance ; tout le reste est nul, les costumes (Alex habillé en jolies couleurs bleues au départ, en vieux pull cacadois ensuite : quand est-il le plus heureux ? vous avez trois heures de plus), le décor naturel (Ozon a choisi la pire ville, le Tréport, mal foutue, pas photogénique), la photo (ce grain immonde qui fait craindre une erreur de mise au point au départ, mais qui ne sert en fait qu'à cacher le côté trop contemporain du film) et jusqu'aux détails du scénario : je ne pense pas que deux garçons pouvaient s'embrasser en pleine boîte de nuit en 1985, à moins de se faire pêter la gueule ou tout au moins regarder avidement par ses voisins. A croire que Ozon dormait à cette époque pour avoir aussi peu conscience de ce qu'étaient ces années-là au niveau des moeurs. Tout est souligné et ressouligné, des relations d'Alex avec ses parents à la gentillette lutte des classes qui oppose Alex à son amant, des premiers émois amoureux interdits à cette ridicule scène de danse mal cadrée, mal filmée, qui ne sait absolument pas quelle distance adopter face à ce corps. De corps, d'ailleurs, qui aurait dû être le sujet principal du film, il n'en est jamais question : avec une pudeur de bigotte, Ozon ne les filme jamais, affadit toute sensualité, ne sait jamais traiter de la sexualité et rate complètement le coeur de son film : montrer des corps adolescents qui se métamorphosent en même tepms que leur esprit. Seule une scène surnage un peu dans ce marasme : deux garçons qui soignent leurs blessures face à face, joli moment de faux champ/contre-champ à base de miroirs, où les regards se cherchent, se trouvent, se fuient, enfin une scène un peu réfléchie dans son filmage. Le reste atterre. Il ne suffit pas de planter sa caméra sur une plage et d'engager Poupaud pour refaire Conte d'été. Là, Ozon a plutôt fait son A nous les petites Anglaises. En moins drôle et moins sexy.   (Gols - 22/07/20)

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Commentaires
S
Ah oui, indéniablement, tu aimes moins, là. Tout le monde n'a pas le talent d'un Lang (Hôt-el deuuuu la plaaaaggge), c'est vrai.
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