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17 juillet 2020

Tout simplement noir de Jean-Pascal Zadi et John Wax - 2020

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C'est le souci avec les comédies françaises qui visent le succès : elles sont parfois drôles, parfois intrépides, mais elles seraient écrites pour la radio que ça ne les changerait pas beaucoup. Et dès le générique de Tout simplement noir, on sait qu'on va avoir droit à ce genre de trucs : un film de Jean-Pascal Zadi, homme de scène et de vannes, et de John Wax, scénariste... Personne à la mise en scène, considérée comme un bidule accessoire dans ce bazar ; c'est pas la mise en scène qui va nous ramener du public, coco. Et effectivement, au fur et à mesure que se déroule ce film à sketches, l'impression dure : c'est nul au niveau du cinéma, très indigent, filmé au plus rapide et sans aucune réflexion, tous les postes techniques sont servis par des gusses qui parent au plus pressé. C'est bien dommage, parce qu'il y a un vrai potentiel dans le scénario, et un vrai ton original, qui aurait été dopé s'il y avait eu du monde pour organiser tout ça. Tel quel, ça se déroule comme une émission télé à sketches, série de courts-métrages très inégaux vaguement reliés ensemble par l'idée de base du scénario.

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Bon, l'idée de base est pas mal du tout : un vague auteur de blogs au flou politique assumé décide d'organiser une "marche noire", c'est-à-dire une manifestation dont les seuls participants ne peuvent être que noirs et masculins. Le but : euh... disons protester contre l'esclavagisme et le sort réservé aux noirs depuis toujours. Mais rien n'est bien calé dans la tête du brave Jean-Pascal, ni les modalités, ni la date, ni l'organisation, ni surtout le fond. Il se met pourtant en tête de contacter tout le ghotta black parisien, histoire d'être médiatisé au maximum : Omar Sy, Fabrice Eboué, Joey Starr, Lucien Jean-Baptiste, Eric Judor, Soprano, tous défilent façon catalogue de stars, tous ont leur petit numéro à jouer, leurs vannes à balancer, leurs doutes à opposer à notre militant, dessinant un paysage social parallèle à notre bonne vieille France blanche et fière d'elle. Et même ceux qui ne font pas partie du show prévu (les blancs, les arabes, les juifs, voire les indésirables complets comme Dieudonné) trouvent leur place dans le film, les uns en affichant un "racisme de gauche" plein de clichés (Kassowitz qui cherche un Noir d'Afrique et livre un catalogue complet de la panoplie à la con du bon noir ; Augustin Trapenard et sa bienveillance outrée ; Ramzy Bédia et sa xénophobie... tous ceux-là jouent avec pas mal d'auto-critique de leur image), les autres en opposant leurs convictions (la femme de JP, Dhorasoo, Fadily Camara et son féminisme militant)

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Le film est très caustique, pointant à la fois la nécessité de s'unir pour être plus fort et les pièges du communautarisme. Chaque personnage apporte son lot de névroses, d'à-priori, de colères ou de crétinerie, et se montre bien souvent raciste lui-même ou tellement révolté que sa révolte finit par ne plus ressembler à rien. Au milieu de la comédie bon enfant, qui ne fait franchement rire que rarement (le sketch avec Judor, pénible, celui avec Kassowitz, surjoué, avec Soprano, mal écrit) se trouvent quelques scènes un peu pus senties et un peu plus politiques, comme ce contrôle de police ou cette fin assez touchante. Bon, tout ça ne casse pas quatre pattes à un bouquetin, mais c'est suffisamment intelligent et frontal pour mériter un détour bienveillant.

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