Following - Le Suiveur (Following) (1998) de Christopher Nolan

Ah oui, tiens, je ne connaissais pas ce premier long métrage du sieur Nolan, l'homme au twist dans le twist. Cette première œuvre ne déroge pas à la future règle, sachant qu'un chasseur et souvent chassé et qu'un stalker est souvent stalké... Il est question ici d'un petit écrivain en devenir, un jeune gars qui n'a pas grand-chose à faire. Il se décide donc de suivre les gens au hasard, juste une fois, c'est sa règle... A laquelle il déroge vite. Car ce type qui se balade dans la rue avec un grand sac de sport l'intrigue et il va jusqu’à s'installer à côté de sa table dans un café. Pam, le type l'aborde. Pim le type lui montre ce qu'il a dans son sac : des CDs volés. Poum le type l'entraîne dans sa passion : le cambriolage... Indéniablement, cela pimente les journées de notre jeune gars, qui ne tarde pas à se prendre au jeu ; et à tomber amoureux d'une jeune femme dont il a cambriolé l'appart... Une jeune femme peu farouche qui lui donne les codes d'un coffre-fort pour qu'il récupère des photos a priori compromettantes ; sauf que dans le coffre, il y a aussi plein de biffetons... Une histoire un peu trop grosse pour notre gazier qui pourrait bien avoir été manipulé. Ou pas. Ou si.

Noir et blanc eighties, petite musique speed pour faire monter la tension et surtout trois différents niveaux de narration (heureusement, on suit assez facilement l'histoire, notre héros ayant trois looks différents pour chaque niveau narratif : les cheveux longs, les cheveux courts, amoché...). Les trois niveaux s'entremêlent sans transition mais l'on suit sans trop se casser la tête l'évolution de notre petit gars à chaque étape, timide, dragueur, tueur... Si les moyens sont un peu cheap, la mise en scène sans vraiment d’éclats, c'est bien sûr sur le scénar que repose l'intérêt de la chose : un petit polar où l'art de la manipulation est au rendez-vous - on sent que les intrigues vertigineuses (le manipulateur manipulé voire méta-manipulé...) sont le point faible du futur réalisateur de Memento (il faudrait sans doute que je le revois un jour, mais je ne sais si je dois commencer par la fin... putain de film monté façon puzzle éparpillé...) et d'Inception (elle va s'arrêter cette toupie oui ou merde). C'est une petite gâterie malicieuse, gentiment perverse mais qui ne met pas non plus le feu à la queue d'un castor. Sympa à suivre, quoi - Nolan s'échauffe.