SERIE : Years and Years - saison 1 - 2019

Eh oui, forcément, au diapason avec l'ami Gols en cette période pour le moins particulière : on finit forcément par céder à la tentation de la bonne vieille série des familles. En route pour l'Angleterre, pour ma part, avec cette série qui va nous projeter de 2020 à 2032 : 2 brothers, 2 sisters, les « Lyons », une grand-mère acerbe, des gamins 3.0 et c'est parti pour une décennie de catastrophes politiques, économiques, climatiques et j'en passe ; des catastrophes dont on finit toujours plus ou moins par se remettre bien entendu... ou pas, quand même, parce qu'il y aura des remises en question constantes et des drames familiaux, et des surprises, et des tragédies… Bref, ce qui se passe en 2020, les amis, c'est du pipi de chat même si on place, en ce début d'année, la barre assez haut.

Comme toujours, il faut le temps à la série d'installer ses personnages (qui laissent une place de choix aux minorités...) : un brother gay qui trompe son mec avec un réfugié ukrainien, une sister sur chaise roulante mais particulièrement combattive, une activiste (lesbienne) sur tous les fronts, un hétéro (ah ?) qui trompe sa femme (ah !) et puis une nouvelle génération qui pousse – il y a notamment une gamine qui a une petite préférence pour le tout numérique (elle aimerait se débarrasser de son corps pour devenir une sorte de conscience computerisée - j'explique mal, mais on se comprend). Il n'y a pas à dire, les Lyons sont des gens actifs qui doivent faire face aux bouleversements professionnels et financiers (la chute des banques, les licenciements à tout va...) ainsi qu'à divers légers problèmes personnels (pas facile pour un couple de garder le cap dans ces années 20 qui n'arrêtent pas de sortir du chapeau des surprises). De la bombe nucléaire (oui elle revient à la mode) à la politicienne anglaise populiste (une Trump au féminin incarnée par une revenante : Emma Thompson !), on ne peut pas dire que les années qui viennent soient prêtes à nous laisser sortir la tête de l'eau ; même les camps de concentration dans ce monde pas franchement idyllique reviendront sur le devant de la scène. Si. On observe tout cela (certaines années s'enfilent au cours de la série en moins de temps qu'il ne faut pour le dire : on peut faire en trois secondes un petit saut de trois ans) avec au départ un regard un peu hagard (pouh là là, ça file), sans vraiment avoir le temps de s'attacher à l'un ou l'autre des personnages… Jusqu'à cet épisode 4 (il y en a 6) qui frappe un grand coup au niveau du glaçage d'échine : aucun personnage n'est intouchable, n'est immortel et on en est les premiers cueillis ; bref, un premier trauma qui va nous faire poser quelques orteils dans cette série jusque-là un peu speed et qui partait un peu dans tous les sens ; le dernier épisode, of course, sera bien sûr, le point culminant de la série, avec nos différents frères et sœurs qui vont mouiller le maillot et prendre des décisions qui tranchent ! De quoi donner un peu d'épaisseur à ces différents protagonistes : même si certains d'entre eux sont pour le moins mal-aimables (ils ont d'ailleurs pratiquement tous leur petite bassesse - le brother aîné faisant tout de même assez fort dans le domaine), on apprécie chez eux cette façon constante d'aller de l'avant : ils tentent plus ou moins bien de résister pour ne pas se laisser piéger par cette époque qui n'en finit pas de prendre aux pièges anti-libertaires nos petits citoyens (anglais ou autres). Au final un petit bazar qui, avec ses coups d'éclat et sa musique au forceps, parvient quand même à tenir en haleine, qui ne la joue point (et c'est agréable) futuriste à l'excès, et qui donne vie à une tribu (les Lyons) pour le moins disparate mais engagée. Entertaining à défaut d'être d'une psychologie monstrueuse (prophétique ? Bah, il semblerait qu'on soit de toute façon déjà prêts à s'attendre au pire, ohohoh).