Y a-t-il une Vierge encore vivante (2015) de Bertrand Mandico

A brûle-pourpoint j'ai envie de dire non même si ce n'est pas le sujet. Soit donc ici cette salope de Jeanne d'Arc en quête de chair fraîche (féminine) depuis qu'elle a perdu sa virginité ; les jeunes femmes, entre ses mains, ne font pas long feu et la Jeanne un rien cruelle finira transpercée par un traître ennemi. Une histoire, on le voit, historiquement discutable, mais visuellement toujours aussi travaillée. Une Elina Löwensohn en cuirasse d'amazone on ne peut plus inquiétante (pas le genre à faire le défilé du 1er mai, cette version), de jeunes proies sacrifiées sous des filtres mauves ou rouges, du sang giclant pour apporter une petite dose d'excitation (sans parler de cet arbre spermant - Mandico a des affinités sexuelles avec les arbres, c'est indiscutable)…, on traverse un monde pas vraiment jouasse mais on apprécie toujours cette esthétique soignée et ces mots (en français et en anglais) faisant preuve d'un soupçon de poésie. Le parcours de Jeanne est bref (8 minutes) à l'image de sa vie (et de sa virginité) s'achevant dans un flot d'hémoglobine. C'est un univers, Mandico, plus coloré que celui de Maddin (désolé pour la référence répétée),  avec quelque chose indéniablement d'un peu gore, de sombre aussi, même si on sent que tout n'est pas à prendre totalement au sérieux. Expérimental mais avec une certaine joliesse.