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16 février 2019

Manhunt de John Woo - 2017

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Il y a comme ça des cinéastes qui eûrent leur heure de gloire pendant quelques années, et qui sont maintenant devenues des raves, et il est temps de prononcer ici les noms de Spike Lee, Wim Wenders ou Hal Hartley. Ou de John Woo, donc, puisque voici notre sujet d'étude d'aujourd'hui. John Woo, rappelons-le, est l'auteur d'un chef-d'oeuvre (Face off), d'un excellent fim de série (Mission impossible 2) et d'une poignée de polars stylisés qui ont révolutionné le genre... mais qui étaient toujours au bord du ridicule, aussi. Le style pompier du gars les faisait flirter avec la kitcherie pure. Eh bien le Woo 2017 a laissé tomber toute la fière morgue et n'a gardé que le ridicule : Manhunt est à deux doigts de l'inregardable, brouillon, illisible, et complètement con. Dès le départ, en constatant la vacuité terrible du scénario, on tique : c'est l'histoire hitchcockienne de l'accusé par erreur, en l'occurrence l'avocat d'une grande firme pharmaceutique qui se retrouve accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis. Le gars va devoir, c'est classique, traquer les vrais coupables tout en échappant aux recherches de la police (représentée par un flic absolument invincible et grimaçant) et de la pègre qui a tout intérêt à le faire taire. La trust pharmaceutique aurait-il des choses à se reprocher ? Notre héros parviendra-t-il à échapper aux terribles ninjas lancé(e) à ses trousses ? L'amour triomphera-t-il ? Et combien de ralentis peut-on aligner à la suite ? C'est les questions auxquelles s'attelle Woo à travers cette histoire-prétexte absolument invraisemblable et incompréhensible.

manhunt cover

Bon, mais si la mise en scène avait le brillant qu'il sait avoir parfois, on s'en foutrait un peu, de la trame. Or là, c'est consternant. On dirait que Woo ne sait plus que recycler ses motifs célèbres, sans but, sans envie, et les replacer légèrement faisandés dans son film. On a droit à tout ce qui a fait la gloire du maître hong-kongais, depuis les colombes qui viennent voleter en plein coeur de l'action jusqu'à la course de hors-bord ; mais là où ces formes donnaient de brillants effets graphiques jadis, là où ils étaient guidés par une puissante vision de mise en scène, ils sont ici plaqués au petit bonheur sur une esthétique fauchée et kitschissime. A force de faire tournicoter sa caméra dans tous les sens, et d'appuyer sur tous les boutons d'effets spéciaux, on finit par avoir une légère nausée, et par contempler un film complètement abstrait, où chaque geste est absurdement déifié (depuis la fusillade jusqu'au grattage de nez), où tout est mis au même niveau de spectaculaire. Mais les acteurs sont tellement pitoyables (et je pèse mes mots, diable), que ce côté "mythique" n'arrive jamais à passer la barre : on ronge son frein en attendant la fin, tout en fermant les yeux quand les couleurs deviennent trop fluos ou le style trop pompier (c'est-à-dire à chaque scène). Fin d'un grand.

C'est Metropolitan Filmexport qui sort le DVD, le Blu-Ray et la VOD (le 8 février) de ce film : le site et la page Facebook de l'éditeur.
Et c'est Cinetrafic qui nous a donné la douleur de le voir : son cycle le cinéma d'Asie en 2019 est là, ses films les plus haletants de l'année sont là.

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