Un Été capricieux (Rozmarné léto) (1968) de Jirí Menzel

Une petite escapade à l'est, c'est toujours bon à prendre. Menzel nous emmène sur des couleurs pastel à la campagne en compagnie de trois boute-en-train : un bon gros toujours prêt pour la poilade, un maire à la retraite et le religieux du coin... Trois hommes qui picolent et font l'effort de faire un petit plongeon de temps en temps dans le lac du bourg. Ça fuse au niveau des discussions, on parle mal le tchèque mais on comprend que certaines saillies doivent être particulièrement drôles si on avait toutes les subtilités langagières. Bref, le temps passe et une femme va bien sûr faire son apparition pour pimenter cet été mi-pluvieux mi-ensoleillé. Elle débarque en compagnie d'un magicien-équilibriste censé animer ce village avec son divertissement « un peu bancal », pour le coup : le type a l'air aussi à l'aise sur une corde que moi sur une piste de bobsleigh et livre chaque soir son petit numéro un peu torve... Sa blonde compagne, masquée, irradie de son côté et ne va pas tarder à s'attirer des prétendants...

Nos trois vieux bougres vont tenter leur chance et livrer un petit numéro qui se terminera à chaque fois de façon un peu grotesque... l'un perd sa compagne (s'en sort pas si mal en fait), l'autre son oreille, tandis que le dernier est provoqué en duel... Trois hommes un peu à la ramasse pour une coquette peu farouche qui va finir malgré tout par leur glisser entre les doigts. C'est un peu primesautier, c'est toujours joliment cadré et filmé, teinté d'un érotisme de bon aloi, et l'on passe 75 mignonnes minutes entre drôlerie et farce, entre fière dragouille et tendre pathétisme. Un été qui passe comme une plume pour trois types tentant une sorte de dernier baroud d'honneur féminin. Comme une petite bruine, rafraichissante et légèrement tristounette.