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6 mars 2019

Green Book : sur les Routes du Sud (Green Book) (2019) de Peter Farrelly

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Voilà ce qu'on pourrait nommer un « feel good movie interracial et interculturel ». C'est déjà pas mal. Dieu m'est témoin, au départ, on serre un peu des fesses tant les deux personnages sont stéréotypés : Viggo Mortensen incarne un rital taillé dans une armoire normande ; il a la tchtache, des manières de prolo, et des poings qui font mal ; Mahershala Ali interprète un black "de la haute" multilingue logeant au Carnegie Hall ; il a des doigts de fée et parle un langage châtié du bout des lèvres. Ces deux-là, en raison d'une tournée dans le sud des States dans les 60's, vont devoir faire équipe. On se dit, avec un brin de condescendance il est vrai, tiens, ne s'agirait-il pas en un sens d'un remake d'Intouchable ? Même si on se rend compte assez rapidement qu'il y a quand même ici des dialogues, des acteurs et des moyens, on ne peut s'empêcher de faire ce rapprochement un peu facile, certes... D'entrée de jeu, en effet, on se dit que ces deux mondes qui se culbutent promettent quelques gags forcément téléphonés... Le black qui apprend au rital à parler, à écrire, ou encore à faire preuve d'un peu de manière, l'autre qui lui apprend la culture popu et à ne pas se laisser marcher sur les pieds... On ne se trompe guère, en fait, même si une réelle alchimie entre les deux portera le film un peu plus haut.

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Il y a, indéniablement ici, un vrai petit savoir-faire comique faisant notamment de Viggo Mortensen un vrai bouffon du roi Ali plutôt réussi. Le type, brut de décoffrage mais sachant aussi faire preuve de finesse pour limiter les dégâts en situation périlleuse (sauf quand les flics dépassent les bornes, certes), parvient fréquemment à nous faire lâcher un petit sourire tant il parvient à surjouer ses petites mines maladroites et confuses quand il est "dans la haute", tant il défonce tout sur son passage quand le duo se retrouve dans la mouise. Au niveau du cahier des charges de la "morale", pas vraiment de surprises : tout est fait pour que nos deux acolytes fassent front face au reste du monde (les racistes, la mafia, les flics à la con...) autant dire qu'ils ne se retrouvent jamais réellement en danger "psychologiquement et moralement" - on sait dès le départ qu'ils se tireront du moindre faux pas face aux connards de ce monde... Des bons sentiments qui ne font certes jamais de mal. Le film déroule ainsi sa longue liste de concerts dans le sud, de petites anicroches, chaque épisode tendant à renforcer le lien entre les deux héros (l'entraide permettant à chacun d'exprimer le meilleur de lui-même, super mon cher)... Quant au final (arff), on est jusqu'au bout dans l'ouverture d'esprit happyending (il y a même un flic sympa, putain) : des ritals qui accueillent des gens hors de leur communauté et avec le sourire, ouahhhhh ! Alors oui, on se prendrait presque malgré tout un peu au jeu de cette amitié based on a true story qui ne mange pas de pain - le film restant qui plus est assez fluide dans sa narration. Mais on reste quand même un peu scié de voir autant de critiques dithyrambiques (des Cahiers notamment !) vis-à-vis d'un film certes inattaquable dans le fond mais très sage dans sa forme et d'un comique somme toute gentillet. Feel good movie, quoi, pas plus, pas moins.   (Shang - 29/01/19)

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Dans "l'almost feel-good movie", même. Qu'est-ce qui se passe effectivement pour que les critiques se gobergent actuellement de ces films "populaires" (Le grand Bain, Green Book) qu'il faut absolument aimer ? La peur de ne pas être populo et de se faire taxer de snob, ce qui n'est pas à la mode en ce moment ? Le besoin d'être rassuré ? L'affirmation que le monde est devenu si compliqué à vivre et la parole si délicate à manier qu'il faut absolument adorer la bien-pensance ? Ou tout simplement une bonne couche de caca qui recouvre leurs yeux ? Je ne saurai pas dire, mais voilà : ce film est aussi lisse et inoffensif qu'un nouveau-né, et aussi novateur qu'un Guy Des Cars. Pas désagréable non plus, non, il se suit gentiment, avec même parfois, ça et là, un peu de bonhomie. Sentiment dû en grande partie aux acteurs, effectivement amusants et relativement fins pour un scénario aux traits épais comme du mélèze ; et à la musique, utilisée intelligemment pour parler des ponts entre les cultures. Pour tout le reste, et surtout pour la mise en scène (qui ménage toutefois quelques jolis plans sur l'Amérique profonde), on repassera. Pour chaque scène qui commence, on sait exactement ce qu'elle nous ménage, dans quel ordre et dans quel but, et on serait presque capable de réciter à l'avance le dialogue, décider si elle sera dans la camp de la comédie (lourdeur du prolo, raffinement excessif de l'esthète) ou dans le drame édifiant (le racisme c'est mal, la musique ça rassemble, les homos sont des gens comme les autres), et anticiper les suivantes jusqu'à la fin du film. Tout se déroulera exactement selon les attentes du public, il ne s'agirait pas de le déranger. L'Italien bourrin mettra de l'eau dans son chianti découvrira les beautés de la musique classique, parviendra à écrire à sa femme à oublier ses à-priori sur les Noirs ; le musicien enlèvera un peu le balai qu'il a dans l'orifice, jouera du jazz dans un pub et mangera du poulet pané avec les doigts. Tout ira bien, le monde est beau, l'Amérique grande, même au sein des funestes années 60. Nous, on pousse un gentil bâillement à la sortie de ce film pantouflard et transparent, bien dans les marques, qui ne raconte rien, ne dit rien, ne montre rien, ne propose rien, ne tente rien et ne provoque rien.   (Gols - 06/03/19)

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