Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
17 mars 2018

Un Jour sans Fin (Groundhog Day) de Harold Ramis - 1993

BillMurrayEndlessDayYT

Petit coup d'oeil vers le passé, avec ce film culte qui a instauré un genre : le film de "prisonnier dans le temps", qui a depuis été copié maintes fois, de Source Code à Happy Birthdead. Celui-ci aborde les choses côté comédie romantique, et réussit à être glamour tout en restant assez conceptuel, c'était une gageure. On connaît tous l'histoire : un présentateur météo aigri et cynique se retrouve pris dans une boucle de temps, et condamné à revivre éternellement la même journée pourrie, jusqu'à ce qu'il devienne enfin quelqu'un de bien, tombe sincèrement amoureux et ouvre les yeux sur les beautés de la petite vie provinciale. Le discours est bien-pensant, on passera donc dessus vite fait, d'autant que le film donne souvent le bâton pour se faire battre : pas très fin parfois, moraliste, le fond est bien un peu douteux, mettons ça sur le compte de l'époque. Passons aussi sur les défauts de la chose, les acteurs en premier lieu. Je suis obligé ici de faire mon coming-out anti-Bill Murray. Jamais trop aimé cet acteur, pas mal dans le côté Droopy, mais poussif et grimaçant dans les scènes de comédie pure, avec une tendance au cabotinage d'autant plus gavante qu'elle est dissimulée sous une fausse sobriété. Le film lui adjoint une bande d'acteurs tous plus caricaturaux les uns que les autres, à commencer par Andie MacDowell en girl next door de base, clichés de mariage bien ancrés dans sa jolie tête. Les scènes de gags purs et durs peinent à arracher un sourire, le film ne mesure pas trop ses effets, est un peu con parfois, hésite entre plusieurs comiques qui ne collent pas ensemble : le clown (le copain d'enfance, pas drôle), le comique de situation, l'humour raffiné, l'absurde,... Ramis veut tout mettre, et se plante souvent dans ses choix.

jour_sans_fin_02

Mais une fois ces handicaps acceptés, on se laisse aller dans ce joli film qui sait toujours être intelligent si on le regarde au second degré. Travaillant un concept de SF très pertinent, Un Jour sans Fin est un fantasme de cinéma imparable : retravailler éternellement les mêmes scènes, en tirer la sève, en faire tantôt une comédie, tantôt un drame, tantôt un western, tantôt un film de braquage. Phil Connors se rend assez vite compte que ses actes n'ont aucune conséquence morale ou concrète, puisque demain recommencera la même journée en ayant effacé les événements de la veille. Il peut donc être au choix un héros ou un salaud, se tuer ou dévaliser une banque, mettre des beignes au figurant qui passe ou insulter les flics. Un champ infini de possibilités, donc, qui est aussi celui du scénario, qui peut se permettre toutes les extravagances façon cour de récréation. Le film exploite très bien toutes ces possibilités, notamment dans les jolies séquences répétitives où notre gars cherche à connaître peu à peu tous les goûts des nanas qu'il veut se taper pour les épater. Il y a un côté bouddhiste, finalement, dans ce patient perfectionnement d'un homme, dans son apprentissage minutieux des autres, inlassable enchaînement d'échecs et de succès. Malgré son fond bien-pensant, le film est très intelligent à plein d'endroits.

29174

Ramis n'est pas le réalisateur du siècle, mais il sait ce qu'il faut faire pour rendre son film romantique à souhait : une petite chute de neige quand il faut, une musiquette glamour, une minuscule mimique d'Andy, une habile utilisation des plans d'ensemble, et emballez c'est pesé, vous avez un film à faire fondre la glace. Un film qui plus est intelligent, reposant sur un concept brillant, mais qui se cache sous le maquillage du cinéma de divertissement, et qui n'a pas volé son statut de film-culte.

Commentaires
L
Tout à fait d'accord pour le côté bouddhiste du truc...J'avais lu quelque part que le terme kung fu peut se traduire par "travail de l'homme par lui même", dans ce sens on peut dire que Un jour sans fin est un très grand film de kung fu...Vous l'avez peut être déjà vu mais la 36ième chambre de shaolin est une parfaite illustration de ce concept...Un de vous a écrit quelque part que le cinéma ça ne devrait être que ça: filmer des corps en mouvement. Ben pour le coup le cahier des charges est plutôt bien rempli dans cette 36ème chambre...
Répondre
Derniers commentaires