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5 juillet 2017

SERIE : Fargo saison 3 de Noah Hawley - 2017

Fargo

La saison de trop sûrement pour cette excellente série qui avait réussi jusqu'à maintenant à manier un ton résolument original, des personnages forts (surtout les méchants), un humour décalé du meilleur effet et un univers entre fantaisie et violence pure. Il y a tous ces éléments dans la saison 3, rien à dire, on reconnaît immédiatement le style inimitable qu'a inventé la série ; mais tout y est roublard, beaucoup trop artificiel et plaqué pour convaincre, tout cherche absolument à "faire Fargo" avec beaucoup trop de volonté mais sans en atteindre le fragile équilibre. Beaucoup d'éléments satisfaisants pourtant, cette année encore, à commencer par (c'est la marque de fabrique de la chose) les acteurs : c'est au tour de Ewan McGregor de s'y coller, et c'est peu de dire qu'il y met du sien. Un double-rôle, celui de frères ennemis : l'un parvenu, propriétaire d'une société de parkings, mais à la vie bien terne et sans aspérités ; l'autre flic légèrement véreux, qui s'éprend de la bombasse qu'il est chargé de surveiller, et qui cache sous sa lose-attitude une réelle jalousie envers son brother. Cette jalousie se cristallise autour d'un timbre, objet d'une sombre tractation jadis, et qui va démarrer l'histoire. Le frère flic engage un cambrioleur pour récupérer le timbre, le type se trompe d'adresse, assassine un gars innocent, et c'est une spirale infernale qui débute, compliquée encore par l'arrivée dans l'entreprise de parkings d'un affreux personnage, V.M. Vargas, escroc violent et sans pitié qui tient littéralement le frère riche dans sa main. Ces tout petits hasards qui font basculer des existences et exploser le sang : on est bien dans Fargo, avec son lot de personnages minables et de vilains patibulaires, d'explosions de violence sèche et d'humour désespèré, de chutes de neige et de flics paumés.

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Le couple formé par McGregor, chauve et enlaidi, et Mary Elisabeth Winstead (une bombasse), vaut à lui seul le détour. On croit au départ à une sombre entourloupe, tant le duo est mal assorti ; et on découvre une histoire d'amour fou, de complicité unique, qui ira jusqu'au règlement de comptes sanglant, au fur et à mesure de la série. McGregor traverse la série en seigneur, pratiquant un jeu très doux, très feutré, très modeste qui lui fait honneur. Dommage que pour cette fois, le méchant principal soit un peu "too much", gros porc sirupeux et control-freak un poil trop monstrueux pour vraiment faire peur ; on préfère à tout prendre ses bras droits, surtout cet Ukrainien brutasse qui se charge du sale boulot. Mais les acteurs, une fois encore, sont irréprochables, de la fliquette dépassée mais tenace à l'avocat déphasé, et au moins la série vaut pour ça. Il y a également de vigoureux cliffhangers, pas mal de surprises, des ambiances soigneusement construites (notamment une séquence parfaite dans la forêt), et suffisamment de personnages loufoques (les tentatives d'intimidation de l'avocat dans les premiers épisodes, impayables) pour qu'on passe nettement un bon moment.

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Mais voilà : convaincus que c'est dans la surenchère qu'ils trouveront leur salut, les auteurs ne savent pas s'arrêter dans le tordu et l'originalité à tout prix. Le scénario est franchement bancal, accumulant des strates de trames les unes sur les autres sans en mener une seule au bout : ni l'enquête policière, ni le complot dans le monde des affaires, ni le conflit entre frères, ni la somme de mille tramettes parallèles ne sont résolues, et chacune ressemble à une bribe de fiction possible dont on ne tire pas le fil. Il y a un épisode qui frôle même le n'importe quoi narratif, une sorte de plongée dans une abstraction certainement héritée de Twin Peaks (il y a même l'acteur qui jouait le père de Laura Palmer) qui voudrait bien ressembler à une petite virée dans les limbes mais qui n'est qu'une pénible composition beaucoup trop artificielle et immodeste. L'histoire part en couille, menée par un vilain immortel et deux personnages principaux beaucoup trop sentimentaux pour être impliqués, et on se désintéresse progressivement de ce qui arrive à nos héros, surtout que les plus funs d'entre eux disparaissent peu à peu de la série (les cadavres, en effet, sont légion). Une saison très en-dessous, donc, et qui semble bien signer la fin définitive d'une série qui aura été l'une des plus attachantes du monde.

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