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7 mars 2017

Mikkai (1959) de Kô Nakahira

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Voilà un film noir relativement tendu sur soixante-dix minutes même si l'essentiel des événements se déroule en ouverture et en fin de film. Nakahira ouvre ainsi son film avec un bien joli plan séquence de sept minutes centré sur deux amoureux ; des amoureux qui se cachent en pleine forêt (elle est mariée à un ponte de droit, il est simple étudiant dans ladite matière) et qui vont assister à un acte peu commun : l'assassinat d'un chauffeur de taxi. Dès lors, c'est le trouble : faut-il ou ne faut-il pas dénoncer le tueur que le jeune homme a eu le temps de relativement bien apercevoir ? Il est plutôt pour, touché qu'il est par les trois orphelins que le chauffeur laisse, elle est plutôt contre, effarée par un éventuel scandale - mon honneur, la réputation de mon mari... Notre jeune est bien décidé à passer à l'action mais la femme pense bien l'en dissuader : beau combat en perspective.

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Nakahira, bien que le métrage soit assez court, prend tout son temps pour faire le portrait de ses deux personnages principaux : il prend ainsi soin de retracer la façon dont a débuté de cette relation (la peur du jeune homme de passer à l'acte, l'ouverture laissée par la femme mariée pour qu’il - son mari ne lui fait l'amour qu'une fois tous les trois mois, c'est déjà vachement bien, non, mais s'y tient-il vraiment ? Pas sûr vu son physique tout rachitique...) et surtout l'impact de ce crime sur leur vie quotidienne ; tout semble fait pour les ramener à ce crime auquel ils ont assisté sans jamais oser intervenir : un chien écrasé, une giclée de sauce tomate sur la table, l'histoire d'un homme sauvagement assassiné - un cas discuté en amphi -, la radio... Bref, le jeune homme est de plus en fébrile et fait part à sa douce de sa volonté de se rendre au commissariat ; la femme mariée pense avoir suffisamment d'ascendant sur lui pour lui faire renoncer – elle semble en tout cas cacher des billes sous son petit sourire matois... On aime la répétition de ces travelings-arrière pour suivre les deux amants (rentrant tranquillement côte-à-côte by night, courant l’un derrière l’autre lorsque le jeune homme est décidé à faire sa déclaration au commissariat) mais surtout ce calme apparent qui se dégage de la plupart des scènes : la femme mariée, bien que tendue intérieurement, reste zen tout du long pour qu'aucun de ses gestes, qu'aucune de ses paroles ne mettent la puce à l'oreille de son mari. Le jeune homme lui demeure prostré, ne mange plus, et il faudra attendre la séquence où sa soeur veut lui prendre la température pour qu'on sente à quel point il est sur les nerfs : il balance son petit dèj dans toute la pièce, preuve s’il en fallait encore une qu'il est à prendre avec des pincettes ; la visite dans la foulée de la femme mariée (tout sucre et sourire : allez mon enfant, oublions tout cela) risque guère de le faire changer d'avis. Nakahira accélère subitement son récit dans la dernière ligne droite pour nous livrer non pas un mais deux coups de théâtre - un film maîtrisé, parfois un peu trop sage dans sa structure et son rythme narratif, mais qui parvient dans la dernière bobine à faire de cette très simple intrigue une jolie petite perle noire.   

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