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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
15 septembre 2016

SERIE : The Night of - saison 1 (2016)

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Des hauts et des bas dans cette série hautement addictive. De facture très classique, elle cultive pourtant un suspense serré, et n'oublie pas de nous en donner pour notre argent niveau mise en scène. On est bien contents dès le premier épisode, qui est sans conteste le meilleur : un jeune Pakistanais en vadrouille se fait embringuer dans une sombre histoire de meurtre. Il est arrêté par la police, mais pour une banale histoire de papiers. Les heures qu'il passe au commissariat s'apparentent à ce qu'a pu faire Hitchcock dans The wrong Man : véracité des faits, lenteur du dispositif, rigorisme de la mise en scène, le tout cachant un solide suspense. Notre héros parviendra-t-il à passer entre les mailles du filet, ou le couteau qu'il cache dans sa poche l'accusera-t-il irrémédiablement ? Toute la qualité de la chose tient dans cette situation absurde, presque comique, du type qui est forcé de rester pile à l'endroit d'où il devrait s'échapper, un commissariat, le protocole de recherches commençant en sa présence alors qu'il en est le principal suspect. On aime beaucoup le jeu tendu et fin de Riz Ahmed, à la fois très fragile, perdu, balloté, et sûr de lui. C'est lui qui va faire la série, puisqu'il va être arrêté et qu'on va suivre ses aventures dans la prison, où il va devenir un vrai caïd.

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En alternance avec ces scènes de prison, tendues mais souvent un poil clicheteuses, déjà vues et caricaturales, on suit donc les progrès de l'enquête, le procès, et tout ce bazar. Avec à la tête de cette armada d'avocats et de juges, John Turturro, plus pâle que jamais, affecté d'un prurit pédestre et d'une allergie aux poils de chats, véritable loser mais vrai finaud quand il s'agit de débusquer des fausses pistes et de traquer des témoins providentiels. Il traîne sa carcasse de déprimé, ses sandales ringardes et son imper trop grand tout le long de cette série, qui acquiert grâce à lui un style bluesy que complètent bien ses acolytes : Bill Camp, le flic banal par excellence, et Jeannie Berlin, tellement refaite qu'elle a du mal à parler. Ces personnages, réels, crédibles, donnent à la série un aspect réaliste qui lui va bien au teint, d'autant qu'elle cultive sans arrêt un réalisme intéressant : tout ce qui s'y passe semble issu de la vie, et elle prend son temps pour planter des atmosphères, dévier de sa trame pour développer d'autres mini-trames (les difficultés de la famille pour rembourser un taxi volé, les problèmes d'érection de Turturro...)

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Au fil des épisodes, les rebondissements du procès s'accumulent, en parallèle avec la descente aux enfers de notre héros, et la série apparaît comme une critique violente de la prison, qui transforme un innocent en coupable et un agneau en loup en trois coups de cuillère à pot. Si bien que le dernier épisode, presque banal, paraît bien innocent au vu de la noirceur d'ensemble. Chacun est renvoyé à son triste univers étriqué, avocats, flics, dealers et victimes, chacun appartient à un univers fermé sur lui-même et on aurait aimé que le dénouement soit à la hauteur de ce nihilisme-là, ou du moins de cette ambiance jazzy et glauque. Tant pis : pendant presque 8 heures, le film nous aura bien baladés.

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