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22 juin 2016

Femme de Feu (Ramrod) (1947) d'André de Toth

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André de Toth est à la baguette de ce western noir de la plus belle eau. Veronica Lake incarne THE femme fatale de cette histoire où les cadavres vont s'amonceler autour d'elle. Héroïne avant tout de western, Lake est une âme fière, butée, rebelle qui s'oppose aux décisions de son père et à son désir de la voir marier avec l'homme le plus puissant de la vallée ; si elle est vénéneuse, toxique, c'est presque malgré elle : elle ne cherche pas à ensorceler les hommes juste pour le plaisir ou pour avoir l'impression de les dominer ; lorsqu'elle use de ses charmes, c'est toujours pour leur demander de faire quelque chose pour elle, soit en agissant dans son sens soit en leur demandant de mentir. Lake est une figure presque fantomatique (une beauté pure et brute, sans apparat) dont les apparitions sont comptées mais dont les décisions vont avoir des conséquences sur tous les hommes qui l'entourent. Dès le début du film, dans la séquence où elle se tient devant Joel McCrea, elle le domine, de toute sa hauteur ; lui, assis, a comme un petit air angélique avec son regard tourné vers le ciel (McCrea incarne lui l'homme brisé (il a perdu sa femme et son gosse), alcoolo, le parfait loser prêt à rendre service : il sera finalement le seul qu'elle ne pourra "détruire", agissant pour elle par pure bonté et non tant pour lui plaire). Elle est dominante et se révèle rapidement être une parfaite comédienne ; toujours dans la séquence d'ouverture, son fiancé est humilié : elle se jette sur son lit, laisse couler deux larmes mais les essuie très vite pour mettre en place une nouvelle stratégie. Une Lake maline et perfide avec son petit air de ne pas y toucher dans lequel plus d'un va se noyer.

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L'histoire sinon en deux mots : c'est assez classique, puisque l'on a deux clans ; d'un côté, Lake qui emploie McCrea dans son ranch et quelques bons potes à lui ; de l'autre, le vil Frank Ivey et ses hommes de main : il est le boss du coin et veut, avec la bénédiction du pater, la main de la Belle. Au centre, un shérif qui met en garde chacun des deux clans de rester dans la limite de la légalité... Mais rapidement, de fil en aiguille, chacun va se permettre les plans les plus pourris et les plus traîtres pour toucher l'autre : Ivey bastonne un proche de Lake, un homme de Lake (Don DeFore as Bill) tue de sang-froid un homme d'Ivey et fait croire à un acte de self-defense, Lake demande à Bill de projeter son propre troupeau vers une falaise pour faire croire à un acte malveillant d'Ivey, etc... Tous les coups sont permis, d'un côté comme de l'autre, et c'est peu reluisant. Seul McCrea, un peu naïf, veut encore croire à la justice : lorsque le shérif est froidement assassiné, il change cependant de braquer - tout en restant, contrairement aux autres, relativement de "bonne foi". Comme dans un bon noir, on est dans un engrenage de violence qui va culminer lors d'une mortelle randonnée by night dans les montagnes (de Toth ayant un don, disons-le au passage, pour mettre en valeur les extérieurs : cette scène de nuit de les falaises est proprement magnifique) : on assiste alors à une mise à mort d'une violence extrême. Place alors au magnifique duel final (attention spoiler, désolé pour le photogramme final mais je n'ai pu résister tant ce plan est "parlant") où McCrea va vouloir littéralement "marcher" sur son ennemi et retrouver sa "dignité" (le plan en caméra subjective avec son fusil dressé montrant parfaitement où se place sa dignité... Sera-t-il enfin digne de Lake ?... Tttt, McCrea ne mange pas de ce pain-là...).

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Les amoureux du western et du noir en auront donc pour leur argent avec cette nouvelle œuvre de l'excellent petit maître borgne austro-hongrois de Toth. Il parvient parfaitement à utiliser Lake comme un simple reflet (la beauté fatale) avant de livrer progressivement les côtés obscurs de la donzelle (superbes séquences chargées d'érotisme lorsqu'elle se rapproche de Bill puis plus tard du petit jeune pour qu'ils opinent à ses souhaits : cette simple main féminine qui se pose sur les épaules des deux jeunes mâles, brrrrr). La blonde Lake a bien sûr, comme dans tout bon noir, son négatif en la personne de la brune, effacée et sage, Arleen Whelan as Rose. Si McCrea est relativement droit dans ses bottes (il se posera cependant de moins en moins de question avant de faire feu), le personnage de Bill est beaucoup plus « gris foncé » : ce dragueur des chaumières nous semble au départ bien frais et sympathique mais on découvre peu à peu que son éthique, son honneur est aussi faiblard que son sens de la fidélité... Il aura l'occasion d'obtenir la rédemption (au nom de son amitié) mais à quel prix... Bref, je laisse le soin à Gols d'exhumer des westerns de troisième zone (oui, bon, ça arrive...) pour me concentrer sur les derniers petits joyaux du genre. Celui-ci en est résolument un.   

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 Go old west, here

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