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17 avril 2016

Double Suicide à Amijima (Shinjû : Ten no Amijima) (1969) de Masahiro Shinoda

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Chronique cinématographico-théâtrale d'une double mort annoncée. Shinoda, dès le départ, affiche ses intentions : il est d'abord question d'hommes en noir manipulant des marionnettes ; on retrouvera ces hommes en noir dans les coulisses du film à venir, intervenant même parfois directement sur scène comme des aides de main du destin, des figurants de l'ombre participant à la mise en scène de la tragédie. Le deuxième aspect tout autant conceptuel est d'avoir des décors minimalistes, comme si le set cinématographique n'était qu'une immense scène de théâtre ; belle réussite là-encore de Shinoda avec ces murs aux "dessins", au design très avant-gardistes (ils conservent encore, dans cet aspect brut mais « soigné », toute leur modernité) et dans cette façon de gérer e « territoire du jeu » - avec la possibilité notamment de changer la disposition du set en un clin d'oeil. L'accent est mis, bien sûr, sur le jeu des acteurs, avec cette caméra qui ne cesse de tourner autour de ces personnages tragiques, au destin déjà écrit, tracé.

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L'histoire est donc celle d'un marchand amoureux d'une courtisane, Koharu (la raffinée Shima Iwashita) : seulement voilà, non seulement il est incapable de la libérer de ses obligations, de la racheter à son "propriétaire" (pas suffisamment argenté, le gars) mais en plus il doit subir la très forte pression de sa famille (il est marié, a deux enfants) qui sent bien qu'il part à la dérive... Après avoir subi les remontrances de son frère, de sa tante (et avant celles de son beau-père), notre homme semble vouloir rentrer dans le rang. Seulement voilà, sa propre femme (qui connaît parfaitement tout l'amour qui lie les deux amants) met en garde son mari : s'il abandonne Koharu, celle-ci risque de se suicider... Elle est prête à l'aider (financièrement) pour éviter ce drame. Mais la tragédie est depuis longtemps lancée et rien ne pourra arrêter cette petite mécanique sur sa voie destructrice.

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On est incontestablement charmé par cette mise en scène ultra soignée, par ce soin apporté à l'esthétique de la chose, et impressionné tout du long par la présence de ces "ombres humaines" qui traversent la scène à pas feutrés. C'est certes relativement bavard mais cela permet à chaque personnage d'avoir le temps de s'installer et de faire monter la sauce. Cette tension ne cesse d’ailleurs de monter ; alors oui, certes, on a parfois un peu trop l'impression d'être tenu à distance de ce qui se joue sous nos yeux (mise à distance forcément voulue par Shinoda mais qui parfois nous empêche aussi de vraiment "vibrer" avec ses interprètes, d’être pris dans le flux des émotions). Le final est tout de même particulièrement réussi avec cette scène d'amour prémonitoire dans un cimetière et la "mise à mort" relativement "sauvage" des deux amants (sabre et pendaison, sympathique combo). On reste donc admiratif de cette oeuvre absolument magnifique visuellement, réglé comme du papier à musique dans la mise en place de chaque plan mais qui tient le spectateur un peu trop à distance pour réellement l'ébranler.

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