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22 septembre 2015

Les Oies sauvages (Gan) (1953) de Shirô Toyoda

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Aaaaah que du bonheur que de retrouver Hideko Takamine dans une merveille nippone des fifties. Le postulat de départ est basique : Hideko, seule (après une précédente union qui a foiré), jolie, pauvre (son vieux père devant battre le pavé pour vendre des bonbons) se voit proposer par une vieille intrigante un bon parti ; l'homme est certes sur la pente douce de l'âge mais il est veuf et possède un florissant magasin de kimonos. L'homme se révèle plus laid qu'un vieux sac en croco mais l'Hideko est prête à se sacrifier pour que son père retrouve un brin de dignité... Elle fait donc contre mauvaise fortune bon cœur, souriant à chaque venue de son sugar daddy tout à sa joie de croquer la belle. Mais notre Hideko n'a pas fini d’encaisser : non seulement elle apprend que le type est un sale crevard d'usurier (qui a bâti sa fortune yen après yen en saignant ses victimes jusqu'à l'os) mais aussi qu’il est marié : sa jalouse de femme, ridée comme une vieille pomme granny, effraie de plus en plus notre Hideko quand elle vient roder autour de son petit appart... Takamine est au bord de la rupture...

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L'histoire est banale mais Toyoda parvient très joliment à mettre en scène la chose - et à filmer notre héroïne, divine as usual. La première séquence qui nous ensorcelle est sûrement celle où l'Hideko avec sa jolie petite ombrelle croise dans les rues étroites de Tokyo la même ombrelle : les deux femmes se jaugent et comprennent en un clin d'oeil tout le côté affreux de la situation - cet enfoiré d'usurier a acheté la même ombrelle à sa femme et à sa maîtresse. Les deux ombrelles se croisent en contre-plongée dissimulant chacun la honte de leur propriétaire "trompée". Hideko tente de raison garder (la place n’est pas si affreuse... et surtout il y a le vieux pater) mais se fait, peu de temps après, prendre violemment à parti par une femme avec cinq enfants que l'usurier a mis à genoux. Notre frêle Hideko est malmenée comme une barque dans la tempête et commence à perdre pied... Après sa vertu, c'est son honneur qui est mis à mal... Qui peut la sauver de ce véritable naufrage moral ?

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Il ne faut jamais désespérer... Il y a toujours un signe du destin qui peut faire que. Un jour, l'Hideko, derrière les bambous de sa case qui tire vers la cage, aperçoit un jeune étudiant. Elle l'avait croisé quelque temps auparavant dans une auberge. Leurs regards se croisent, s'accrochent... Le jeune homme fera une nouvelle apparition salutaire alors même qu'un serpent attaque les zoziaux de la miss. Il s'empare d'un couteau, fait une entaille à la bête, sauve un des zoziaux sous les yeux admiratifs d'Hideko. Le ver est dans le fruit ou le serpent dans le pommier : Hideko s'entiche de ce jeune gars qu'elle suivrait au bout du monde... Elle le poursuit d'ailleurs sur les petits chemins boueux pour lui remettre une ombrelle (bien belle séquence once again avec cette pluie si romantique)... Elle est cependant horrifiée, dans la foulée, de découvrir que l'étudiant fréquente l'usurier pour une poignée de yen et qu'il est notamment obligé de vendre son livre favori pour survivre. Elle le rachète et s'apprête à lui en faire cadeau lors d'un petit dîner en amoureux, le vioque étant parti en mission... L'Hideko rayonne à la pensée de ce flirt - elle tombera de haut : le vioque veille et empêche la petite soirée de se dérouler comme prévu... La romance vire carrément au cauchemar quand elle apprend que l'étudiant doit se rendre en Europe. On risque d'aller tout droit vers une fin tragique... à moins que le vol des oies sauvages migratrices soit salvateur...

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Toyoda sait aussi bien se servir de chansons populaires qu'il met malicieusement en scène en arrière-plan (les petites qui jouent à côté de chez l'Hideko fredonnant la comptine de "l'oiseau en cage", la colonne de gaziers qui entrent en ville en chantonnant une chanson sur le départ alors que l'étudiant doit s’embarquer pour l’Europe...) que produire des images fortes, sciantes, au moment opportun - l'Hideko filmée chez elle comme dans une cage quand elle se rend compte du coup monté dont elle a été victime (l'homme, contrairement à ce qu'on lui a dit, n’est point veuf), le vioque qui poutraille rageusement les seins d'Hideko (celle-ci se laissant faire en silence pour tenter de détourner l'attention et garder son secret amour), le visage d'Hideko à moitié dissimulé par l'ombre d'un feuillage (son visage s'assombrissant subitement alors même que son étudiant lui échappe)... Autant d'instants marquants magiquement filmés qui donnent à cette histoire simple, banale, des accents bouleversants... L'Hideko tour à tour rayonne quand elle pense à son amoureux potentiel et s'écroule en pleurs quand cette histoire lui semble inaccessible... Un must pour les fans de la belle et les fans narusiens.

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Commentaires
B
Ahh , çui-là je m'en suis occupé ya un bout de temps déjà . J'avais oublié l'histoire comme d'hab mais pas le pied intégral pris en le matant . Ces pépites nippones quand même . J'aurai pas assez d'une vie , sniff .
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