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8 juin 2015

Le Sel de la Terre (The Salt of the Earth) (2014) de Wim Wenders & Juliano Ribeiro Salgado

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Voilà longtemps que le Wim ne nous avait pas arraché un cri de plaisir (depuis Les Ailes du Désir) : il y parvient avec ce documentaire âpre sur le photographe Sebastião Salgado qui nous fait faire aussi bien un tour du monde géographique (loin des zones urbaines) qu'un tour du monde des sentiments (je suis bêtement lyrique, je l'assume). Que Salgado photographie nos frères humains au travail, en exode ou morts, il le fait toujours avec une dignité, une grandeur, une justesse, qui tient du génie absolu - ou c'est seulement que l'homme sait faire preuve par objectif interposé de compassion, de réelle compassion, et qu'on en a perdu l'habitude. Digne, oui, c'est le mot, c'est la sensation qui prime en regardant longuement ces instantanés, qu'il s'agisse de photographier une femme aveugle, un bébé rwandais squelettique et trépassé, une tortue sans âge : l'ensemble pourrait paraître disparate alors que chaque photo fait à chaque fois sens, renferme un puits d'histoire, d'émotion, de force... Salgado, joliment présenté à partir de l'étymologie du photographe comme un écrivain de la lumière, présente noir sur blanc et blanc sur noir notre bien belle ou notre bien triste humanité comme on n'ose rarement la voir : il ne se contente de jamais de fixer des instants, il raconte une histoire. D'ailleurs, s'il n'hésite jamais à raconter les circonstances de telle ou telle photo, la vie de tel ou tel être, il semble ne jamais pouvoir épuiser le filon de ces planches noires et blanches. Chaque photo est une mine, chaque photo raconte un art de vivre - ou de mourir -, chaque photo, sans jamais être "esthétisante", est un véritable tableau de notre vie sur terre : la vérité est souvent insoutenable mais Salgado nous oblige à la fixer... avec dignité.

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On comprend que l'homme, à force de sillonner le monde et de découvrir des horreurs (les parties sur le Rwanda ou l'Ethiopie, bien qu'on ne soit pas tombé de la dernière pluie, vous arrachent souvent le coeur), ait eu à un moment envie de laisser tomber ses appareils, de laisser les êtres humains à leur cruauté, à leur misère... Mais l'homme a toujours de la ressource pour trouver un nouveau domaine d'exploration (ses séries, thématiques, sont souvent le fruit d'un travail sur 5 ou 10 ans) et le plus fantastique, c’est qu’il ait l'oeil aussi acéré quand il s'agit de photographier des hommes luttant contre le feu que des morses (j'adore les morses, dommage qu'il soit difficile d'en faire un animal domestique). On pense que l'homme a épuisé ses ressources, qu'il ne pourra éternellement se renouveler, mais à chaque fois il frappe juste et fort. Il y a chez lui la même détermination à parler de ses frères humains (quels qu'ils soient) qu'à replanter une forêt primaire sur le terrain désertique de ses parents. Et à chaque fois, le résultat scie littéralement les bras, nous laisse avec nos deux yeux ballant, aussi bien devant cette terre redevenue vivante en quelques années que devant ces photos qui nous révèlent comme jamais le monde. Salgado, un magicien de la lumière qui nous plonge au plus profond de la noirceur humaine. Incontournable mes amis.

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best of 2014

Commentaires
B
Il me fait de l'oeil depuis sa sortie . Impossible que je me vautre avec ce doc qui m'a l'air majestueux au bas mot . M'en vais prendre cette vérité en pleine face moi .
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