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7 décembre 2013

La Furie du Désir (Ruby Gentry) (1952) de King Vidor

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C'est fou comme on oublie parfois que certains acteurs furent jeunes. Ce fut pourtant le cas de Charlton Heston qui a tout juste 30 ans est alors en début de carrière (Karl Malden a pour sa part toujours eu le même âge, la même tronche, le même pif, la vie est injuste avec les seconds couteaux). Charlton croise dans ce film la fougueuse et féline Jennifer Jones née dans le ruisseau - ou dans les marais. Ils sont faits l'un pour l'autre, ont en eux le même sang qui bout, seulement voilà chez les gens comme Charles on n'épouse pas les meufs qui n'ont ni "l'éducation" ni la thune. D'où conflits, drames, vengeances, tragédies. Vidor signe un film aux allures de film noir sachant à la fois soigner la folle romance (la bagnole lâchée à fond sur la plage sans plus personne au volant), la menace qui rôde (le trouble personnage du brother, rongé de l'intérieur par la Bible...) et l'atmosphère troublante (ses parties de chasse dans les marais où un coup est si vite parti...). Sale destin.

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Vidor nous fait sentir dès le départ que la belle Ruby (Jennifer) a tout pour elle pour briller dans ce monde d'hommes (des chasseurs qui ont de la généalogie, môssieur), une anatomie de feu, un regard de braise, un sens de la gâchette... seulement voilà, elle est de "basse extraction" (surement l'une des expressions françaises les plus horribles) et ça, ça ne pardonne pas. Elle pense pouvoir tenir dans sa main ce gros con de Charlton - son amour de jeunesse - qui revient dans le coin après cinq ans passé en Amérique sud, l'autre fond lorsqu'il la voit comme un sucre dans la bouche d'une lionne, seulement voilà, c'est mal connaître la pression sociale et l'ambition des hommes. Elle est bonne partenaire pour une partie de jambes en l'air, pour déconner un samedi soir, pour se fendre la pêche lors d'une partie de chasse... et elle se voit déjà en maîtresse de maison - le problème c'est que Charlton s'imagine, lui, faire d'elle, simplement, sa maîtresse. Il y aura forcément brouille. Ensuite, tout part forcément en vrille ; la belle Ruby va se marier avec ce qu'on pourrait presque appeler son père adoptif (suite à la mort de sa femme), ce dernier va mourir dans des circonstances purement accidentelles, elle va hériter de sa fortune - en étant forcément conspuée (Murderer murderer, crient les gros cons de la ville, furieux comme des ânes) et tu m'étonnes qu'elle cherchera à se venger...

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Jennifer a beau tout faire pour tenter de voler de ses propres ailes, tout est fait pour la ramener sur terre : elle est et restera aux yeux de cette communauté de nantis une gueuse. Impossible pour elle d'espérer le mariage avec le Charlton. Elle se marie alors avec Malden certes un peu par dépit - on sent d'ailleurs que le Karl risque d'être cocu en un tour de main - mais la Jennifer est loin d'être aussi vénale que les gens voudraient le croire ; le coup de pas de bol c'est que lorsqu'elle finit par lui dire qu'elle l'aime, l'autre y meurt (dans une séquence en plein soleil pour faire dans l'anachronisme cinéphilique). Le destin disais-je. Toute l'ironie du film viendra du fait que plus elle essaiera ensuite de jouer les riches connasses, plus elle s'écartera de son Charlton... Il lui faudra retourner avec celui-ci dans la boue, pour qu'ils se retrouvent enfin en phase - comme si l'autre, le Charlton, acceptait enfin de jouer sur "son terrain à elle" (ce cochon de Boake / Boar (?)) - seulement voilà, une nouvelle fois, la pauvrette est maudite et la Jennifer aurait mieux fait de partir au couvent (ou de rester la Bernadette d'un autre King...) plutôt que de se frotter aux mâles des lieux. La tentatrice est... fatale - mais garde toute notre sympathie dans ce monde de couards nés avec une cuiller en argent dans la bouche - ou dans le cul si on veut à tout prix être vulgaire. Puisqu'elle est en quelque sorte le péché incarné (la colère immédiate des Dieux pour les hommes qui tombent dans ses rets), elle n'aura d'autres choix, pour être définitivement tranquille, de se retirer du monde en allant... pêcher (ah oui, tiens, c'est presque drôle). Noir mais avec une lueur d'espoir - marine. Du Vidor et du tout meillor.  

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Commentaires
M
Yep. Fut jeune et pas mal gau...balancé, le Carlton Weston de cette époque-là. <br /> <br /> Revu La Marabunta cet été, il y est assez canon, en bois sec, le sourire pas loin du ricanement. <br /> <br /> Les bibliqueries l'ont un peu, euh, comment dire, "grassifié" je dirais.... <br /> <br /> <br /> <br /> Enfin, sauf que c'est dans Ben Hur, quand même, qu'on peut remarquer qu'il a les plus beaux doigts de pieds (en particulier le pouce gauche, je ne ris pas) du cinéma américain, voire du cinéma tout court (quasi à égalité avec Mifune Toshiro).<br /> <br /> <br /> <br /> Et sur cette page de cinéphilie universitaire brute, je vais me coucher.
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G
Je sais pas ce que ça vaut, mais les captures d'écran sont superbes, camarade, respects...
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