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18 janvier 2013

LIVRE : Profanes de Jeanne Benameur - 2013

profanesIl y a les auteurs secs, il y a les auteurs lyriques. Et puis, au milieu il y a ces milliers d'auteurs qui prennent la langue française pour un petit bijou doré à l'or fin, ou un petit faon perdu dans la neige, ou une petite chose vaporeuse qu'il convient de garder sous verre pour ne pas l'abîmer. Benameur fait malheureusement partie de cette catégorie, et nous livre un roman insupportablement chichiteux, tellement délicat qu'il en devient glacé, tellement poétique qu'on n'a envie que d'une chose : qu'elle cesse de triturer la plume de paon qui lui a sûrement servi pour pondre une langue aussi précieuse et datée et se coltine un peu avec le monde. Chez Benameur, on ne s'en va pas, monsieur, on "reprend la distance des corps" (y avait aussi "on éloigne le soi-même d'autrui", sinon) ; chez Benameur, on se pose des questions profondes, comme "Comment faire entrer l'amour pour un seul être humain dans ce qui bat si vaste ?" (je propose : au chausse-pieds ?); chez Benameur, on "a la sensation que la pluie continue la nuit sous sa peau" (alors que chez d'autres, elle mouille). Ce genre d'idioties est semé à intervalles réguliers, le reste du texte étant composé de phrases obligatoirement poétiques sous peine d'être taxées de plates. Benameur pense que tout, dans son roman, doit être beau : le spectre maudit de Christian Bobin rôde. Le sujet en lui-même n'est pas forcément mauvais : un vieux gars de 95 ans qui a perdu jadis sa fille engage 4 personnes différentes pour le garder, qui se relayent toutes les 6 heures auprès de lui ; elles lui permettent de passer par quatre "états" différents au cours de sa journée, et vont peu à peu tresser des liens intimes avec lui et entre elles, jusqu'à pénétrer dans la vie de cet homme, dans son malheur et son mystère. Bon. Le souci, c'est que tout ça est toujours à trois mètres du sol, jamais incarné, toujours trop poétique pour être vrai. Bref, ça vous coupe les cheveux en quatorze, et si Benameur n'était pas dotée d'un certain talent, reconnaissons-le quand même, pour monter sa trame et toucher parfois juste dans les rythmes, on ne serait pas loin de la collection Harlequin.

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