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9 janvier 2013

Stars in my Crown (1950) de Jacques Tourneur

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Un corps sain, c'est bien. Un esprit sain c'est mieux. Tourneur nous amène dans une petite bourgade ricaine où un pasteur (Joel McCrea) reigne comme un demi-dieu bienveillant sur ses ouailles. Depuis qu'il a sorti ses flingues dans un bar, le jour même de son arrivée en ville, pour pouvoir effectuer son premier sermon, il est respecté de tous. Un pasteur tendance paternaliste qui tente toujours de remettre à sa place le gars qui déconne : on ne joue pas au fouet pour effrayer ses petits camarades et hop un croc-en-jambe au lasso pour que l'autre se ramasse la tronche dans la boue ; c'est pas volé, tout le monde rigole grassement, même la victime, on est dans le meilleur des mondes). L'histoire est racontée avec un gros grain de nostalgie par le fils adoptif du pasteur, John (Dean Stockwell himself - eh oui le fameux Ben de Blue Velvet - 14 printemps à l'époque) qui passe en revue les différents personnages du village : le bon vieux black à la coule avec lequel il va pêcher, le type un peu niais du village nommé Chloroform, le gros moustachu prospère, le jeune docteur sur les nerfs qui prend la suite de son pater, l'agriculteur païen et ses douze fils blonds... Ambiance rurale, légère et gaillarde, c'est pas qu'on s'ennuie mais c'est presque un peu trop gentillet pour qu'on se passionne à fond.

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La première tuile (et le premier réel rebondissement dans cette "chronique villageoise") va venir lorsque John va chopper la typhoïde ; s'il s'en sort, la maladie, elle, s'étend et va toucher une bonne partie des gamins du village : on assiste alors à une sorte de passation de pouvoir entre le pasteur - guérisseur des âmes, accusé par le docteur d'avoir propoagé la maladie : il a effectué une visite à l'école alors qu'il venait tout juste de voir son fils malade - et ce même docteur - guérisseur tout court - qui va tenter de venir en aide à chacun... Notre pasteur se morfond, lui qui était le grand consolateur de tout un village : il passe au second plan, décidant de vivre reclus dans sa casa. La belle idée du film, c'est que l'on passe en une demi-seconde de l'empoisonnement des corps (l'eau du puits de l'école n'était pas potable, ciel) à celui des esprits : Tourneur, après avoir, en deux plans et trois phrases, définitivement réglé son compte à la maladie, enchaîne avec les images de notre bon vieux black pris à parti par des membres du Ku Klux Klan... Si le docteur a pu se faire une place dans le coeur des gens, c'est au tour du pasteur (qui a déjà quasiment ressuscité une malade grâce à la prière : la foi plus fort que le foie (pardon...)) de montrer tout son savoir faire pour raisonner et guérir ces âmes infectées. Véritable personnage fordien qui prend la parole devant une foule encapuchonnée et qui, sans arme, avec le poids des mots et un soupçon d'intelligence, parvient à gentiment ramener dans le troupeau ces petits loups racistes et couillons. La morale est sauve, tout le village, réconcilié, a la banane, le prêche du dimanche affiche complet, le meilleur des mondes disais-je... Le film préféré de Tourneur parmi les siens, avis pas forcément partagé préférant généralement le côté sombre du gars... Ce film relativement "lumineux" (en dehors des enfants mourants et des séquences du KKK...), avec son petit côté capra-esque, demeure toutefois un bon divertissement familial - au sens noble, of course.

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Go to the Mid-West

Commentaires
S
Vous me comblez, vous me comblez mes bons. Out of the Past, putain, quand même - et j'en ai vu des films noirs (ouais au moins 12000 et po que des bons)... Bonne année, tiens, c'est vrai, à tous, et fi en effet au cinéma arrondi et facultatif...
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G
Eh bien je dois aussi me placer du côté du Seigneur du Château. Quoiqu'étant un beau film et très certainement un chef-d'oeuvre du genre "americana", Stars in My Crownje ne me paraît pas aussi marquant qu'Out of the Past ou Experiment Perilous du même Tourneur. Au passage, bonne année à nos deux pourfendeurs de cinéma arrondi et facultatif (pardon...) avec un peu beaucoup de retard !
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A
Plutôt d'accord avec l'auteur bien que je sois assez client de ce genre de film d'ordinaire... Mais là, j'ai trouvé ça un peu too much! Les mecs du Ku Klux Klan repartant la queue entre les jambes après le discours du pasteur, contrits comme des premiers communiants, j'y ai pas cru une seconde... J'ai du mal à les imaginer aussi sympas ces mecs-là... Et le vieux mécréant qui observe tout ça à l'écart puis qui enlève son chapeau pour se gratter la tête, l'air de se dire "bon sang mais c'est bien sûr!", dernière brebis égarée à rejoindre le troupeau le lendemain à l'église, précédé par le médecin qui paraissait jusque-là incarner la vérité scientifique en lutte contre l'obscurantisme, j'ai adhéré modérément. On aimerait bien que les choses soient aussi simples, mais je crains que Tourneur ne nous peigne mieux la réalité dans ses films noirs... Out of the past m'a laissé un souvenir inoubliable, ce ne sera pas le cas de ce film, même s'il est assez plaisant à regarder.
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S
Eheh merci du conseil Lisa. Ok, on n'en reparle dans dix ans et j'espère ne pas avoir d'ici là à prendre rendez-vous pour une trépanation. Pour moi Out of the Past demeure le grand grand chef-d'oeuvre de Tourneur... avec, juste derrière, bien sûr, l'incontournable Féline et le moins connu Berlin Express.
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L
Bon, allez, disons-le. Ce film est un chef-d'oeuvre, une bombe pas gentillette du tout. Une bombe à réfraction : ça ne livre pas sa charge tout de suite. On croit que c'est fini. Et, bang, on en reçoit un coup des mois après. <br /> <br /> Revoyez-le dans, disons dix ans. Si vous êtes aussi fin, aussi subtil, aussi sagace que je le crois, vous devriez changer d'avis. <br /> <br /> Sinon, eh bien... changez de cerveau?
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