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Shangols
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5 mars 2021

Nostalgie de la Lumière (Nostalgia de la Luz) (2010) de Patricio Guzmán

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Sans qu'on le voit vraiment venir (si on ne lit pas le résumé sur la jaquette...), Guzman, par le biais du désert d'Atacama au Chili, nous amène du macro (le télescope international qui guette les étoiles dans ce ciel sans nuage) au micro (la quête infinie de ces femmes qui 19518452sillonnent le désert à la recherche des traces de leur défunts, exécutés et dissimulés sous l'ère Pinochet) en passant par le... le médio (ouais), ces dessins laissés sur ses rochers par des bergers il y a plusieurs centaines d'années ; en évoquant ces "archéologues de l'espace" qui tentent de remonter le passé jusqu'au Big Bang puis ce passé récent tout aussi enfoui dans le sable du désert, Guzman parvient par le biais de subtiles métaphores "filées" (du calcium des étoiles à celui des ossements) à retracer tout un pan de l'histoire (douloureuse) du Chili : réflexion poétique sur le mystère absolu de la Création, réflexion ontologique sur le besoin absolu de retrouver les siens, son film est à la fois éminemment vertigineux et émouvant. Il y a ceux qui voudraient tourner la page de l'histoire récente et ceux dont le devoir de mémoire est crucial : Guzman tente, lui, d'évoquer tout le paradoxe de ce pays qui ne pourra avancer sans "exhumer" un/au jour son passé. Les témoignages d'astronomes et ceux de ces femmes "orphelines" du corps de leurs proches apportent des commentaires pertinents et touchants d'un côté sur ces images mirifiques du ciel et de l'autre sur les photos de ces disparus sur terre. Guzman fait preuve d'un don particulier pour mettre en lumière les liens (tout comme ceux qui lient les étoiles entre elles pour former des constellations) entre l'infini cosmique et l'histoire intime de son pays. Un véritable tour de force pour que le passé récent du Chili ne tombe point dans un trou noir.   (Shang - 28/12/11)

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Moins fan, je dois l'avouer, que mon bicéphale concernant ce documentaire. Pour tout dire, j'ai même trouvé un peu fumeux le concept sur le temps et le passé débouchant sur l'histoire récente du Chili. Au départ, bon, on regarde assez fasciné ces images de télescope qui se déploient avec une lenteur majestueuse, et on apprécie le regard posé dessus par Guzman, qui s'intéresse aux rouages, aux grosses machineries (si bien qu'on a presque parfois l'impression qu'il filme un projecteur de cinéma). On est même prêt à le suivre dans ses rêveries concernant l'infiniment grand, ces étoiles qui sont autant objet de rêverie que de philosophie, et on aime particulièrement les premiers témoignages : ce scientifique qui parle de l'inexistence du présent, disant que tout ce que nous voyons appartient déjà au passé, vous plonge dans des abîmes de réflexion : le genre de stimulus qui fait du bien aux neurones. Mais dès lors que le gusse a placé le mot "passé", Guzman s'en empare pour éloigner son film de l'espace et se concentrer sur le désert et les cadavres enfouis sous la terre. C'était bien là son but, et l'introduction sur les lointaines étoiles n'étaient qu'un prétexte : il va s'agir dès lors de retracer avec une voix off douloureuse les recherches incessantes de ces femmes à l'affût des traces de leurs proches assassinés sous Pinochet. On préférait la première piste. Le documentaire, très flou, tente sans arrêt de raccorder avec cette notion de temps, de couches temporelles, et même d'y mêler des éléments autobiographiques ; moi je n'ai pas vu le lien, franchement, si ce n'est, oui bon ok, ce rapport cosmique entre l'infini de l'univers et le fini de l'être humain, dont les éléments vitaux se retrouvent pourtant sur les lointaines planètes. Le ton solennel de Guzman, les errances de la construction et les pistes tous azimuts finissent de nous enterrer : on ne comprend plus rien, et le film, qui voudrait être profond dans sa volonté de "prière pour les morts", ne dit finalement rien, ni sur les étoiles, ni sur le régime de Pinochet, ni sur l'auteur. Trop d'options, trop de choses à dire peut-être : en tout cas on s'ennuie...   (Gols - 05/03/21)

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