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15 avril 2011

Tant qu'on a la Santé de Pierre Etaix - 1966

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J'aime bien la légèreté de Pierre Etaix, voyez-vous ; mais là, quand même, j'aurais aimé un peu plus de consistance. Tant qu'on a la Santé est un film à sketches très inégal, constitué de quatre courts-métrages sans véritable rapport entre eux. C'est certes mignon et souvent virtuose, mais ça ne raconte vraiment pas grand-chose, et à moins d'aimer à la folie les tous petits gags de la vie courante, on s'ennuie, à la longue, et on aurait plus apprécié ces films séparés les uns des autres.

vlcsnap_2011_04_14_21h29m28s85Ca va du très bon au complètement raté. Commençons par cette dernière tendance avec le court qui ouvre le film, "Insomnie". On y voit Etaix lire dans son lit une histoire de vampires : le récit gothique s'entremèle avec la réalité du lecteur, tant et si bien que le moindre incident domestique vient "polluer" le film d'horreur : si Etaix tremble de peur, l'image tremble aussi ; si se paupières sont lourdes, l'image disparaît de temps en temps ; s'il tient le livre à l'envers, l'image se retourne, etc. C'est amusant deux secondes, mais ça tourne vite en rond. D'autant que toute la partie "film fantastique" est très poussive, manquant gravement de rythme, à cheval entre l'hommage premier degré genre films de la Warner et parodie, sans jamais trancher entre les deux options. Mauvais sketch, tout simplement.

vlcsnap_2011_04_14_21h55m25s32Ca se poursuit un peu mieux avec "Le Cinématographe". Guère plus intéressante dans ses rythmes, cette partie a au moins l'avantage de déployer des petits gags assez réussis. Un type vient au cinéma, mais il a bien du mal à trouver un fauteuil libre. Tout le film est constitué de cette seule quête, chorégraphie assez complexe de gens qui s'asseyent à la place d'autres, de déplacements à l'intérieur de la salle, etc. Avec en plus un beau travail sur le son (là encore très tatiesque) : pas ou peu de mots, mais toute une symphonie de soupirs agacés, d'ordres secs ("Assis !"), de petits bruits ordinaires, qui dessinent tout un univers fermé sur lui-même assez intéressant. Mais là aussi, le sketch est trop long, pas très bien tenu dans le tempo et on lâche peu à peu.

vlcsnap_2011_04_14_22h38m40s124Le meilleur sketch est le troisième, "Tant qu'on a la Santé", qui apparaît un poil plus profond par ce qu'il montre de la société urbaine moderne et de son stress. Pendant un grand moment, c'est assez quelconque (malgré le joli noir et blanc, et quelques saynètes rigolotes), mais sur la fin on assiste à un exemple de la précision du clown Etaix dans les gestes et le montage des gags : il est au restaurant, doit prendre ses médicaments, mais son voisin de table, dans un ballet très habilement réglé, lui pique toutes ses pilules sans le savoir. C'est du tout petit, encore une fois, mais ça marche parce que ça ne s'arrête jamais : on ira jusqu'au bout des possibilités qu'offre la situation (deux tables voisines, deux mangeurs qui s'ignorent, des pilules au milieu).

vlcsnap_2011_04_14_22h52m04s233On termine avec "Nous n'irons plus au bois", sketch champêtre sans conséquence réduit à quelques motifs : un chasseur, un couple de pique-niqueurs, un vieux paysan qui veut planter une clôture. Chacun empêche l'autre de se livrer à son occupation, le tout avec une amusante circonspection de chaque personnage envers les autres : pas un mot n'est échangé, chacun se regarde de travers, et on assiste à une sorte de guerre muette sur quelques mètres-carrés, c'est assez fin. Une façon mélancolique et douce de filmer la campagne, un noir et blanc sépia vraiment très agréable, une belle utilisation des profondeurs de champs, et puis beaucoup de gags là encore, beaucoup de voix traitées comme une suite d'onomatopées, mais pas de quoi se tordre de rire non plus. On ressort de l'ensemble sans vraie émotion, avec le sentiment d'avoir assisté à un petit machin joli mais oubliable.

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