Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
7 février 2011

Firefox, l'Arme absolue (Firefox) de Clint Eastwood - 1982

vlcsnap_2011_02_06_23h06m32s156Ah bien sûr on n'est pas dans le grand film. Il n'empêche que Firefox, tout compte fait, a presque plus d'intérêt (formel en tout cas) que la clique de films moyens qui ont précédé dans la carrière d'Eastwood. Au moins, celui-ci tente quelques trucs, et il est même annonciateur de l'esthétique eastwoodienne actuelle, ce qui fait toujours plaisir. Dans toute la première partie, aussi poussive soit-elle au niveau de la narration, aussi peu vraissemblable que soient les situations, on découvre avec plaisir que l'oeil de Clint s'est un peu ouvert. Nous voilà en plein dans ces ambiances claires-obscures qu'on retrouvera dans ses polars des années 2000, et cette première moitié est assez élégante. Clint interprète un espion engagé pour aller dérober un avion aux Russes, et toute cette partie se situe dans des intérieurs chicosses (très beaux marrons des meubles), dans ufirefox_l_arme_absolue_1982_4755_140477719ne nuit petersbourgeoise du meilleur effet (belle utilisation de l'eau, des ombres, des profondeurs de champ), ou dans des lieux peuplés que la caméra s'efforce de toujours nous faire bien saisir (le métro, la base militaire). La vision (puérile) qu'a Eastwood de l'URSS sert finalement très bien cette esthétique : toute en recoins inquiétants, toute en secrets inavoués, toute en complots cachés. Du coup, l'entrée d'une voiture dans le champ, ou un coin de décor pas éclairé, s'avèrent des facteurs anxiogènes joliment amenés. Certes, une fois ce dispositif planté, le film ne trouve non seulement rien à raconter, mais peine en plus à vraiment surprendre ou à faire monter la sauce ; c'est lent, long, mollasson, et jamais on ne tremble réellement pour le héros. N'empêche : pour l'oeil c'est satisfaisant, et c'est déjà pas mal.

La deuxième partie est beaucoup plus médiocre visuellement, puisqu'il s'agit d'une succession de combats à bord du fameux avion, torpilles qui éclatent dans le ciel, engins se pourchassant tels les vaisseaux de Star Wars (c'est le même créateur en effets spéciaux), ciels super trop beaux, etc. L'imagerie est laide, mais la solitude de Clint, pris dans son cockpit en très gros plan, balançant son monologue entre ciel et terre, fait son effet : voilà le héros eastwoodien par excellence, seul, abandonné de tous, et quand même héroïque, développant une connivence ambigüe avec le spectateur. Bref, cette seconde moitié inverse la donne : moche, mais intéressante dans l'écriture.

vlcsnap_2011_02_06_23h12m12s228A part ça, c'est vrai qu'on est dans le film d'action moyen, où l'action n'est d'ailleurs pas très bien mise en valeur, où les personnages sont réduits à la portion congrue. Si le héros, Clint donc, est un peu plus pensé, avec son traumatisme post-Vietnâm qui le suprend aux plus mauvais moments, les autres sont des clichés, dirigeants russes, espions américains (dont l'un des chefs est pourtant interprété par le fou furieux Freddie Jones, dans la lignée de son rôle dans Elephant Man), scientifiques à la con et militaires valeureux. Une vision étriquée de la Guerre froide, qui voudrait bien marcher sur les traces d'un Lumet, ou d'un Hitchcock, et qui épouse plutôt celles d'un bon vieux Don Siegel, ce qui n'est déjà pas si honteux. Cela dit, un film très légèrement sous-estimé, à mon avis.

All Clint is good, here

Commentaires
Derniers commentaires