Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
17 août 2010

Le Chemin parcouru ensemble (Kimi to yuku michi) (1936) de Mikio Naruse

vlcsnap_97149

Deux beaux jeunes hommes qui aiment deux belles jeunes filles, et même s'ils ne sont pas argentés - leur mère n'était que la maîtresse de leur père défunt -, ils peuvent croire en leur destinée... car le monde est, après tout, un endroit romantique. Ah, le monde n'est pas un endroit romantique ? Seules la thune et les connaissances comptent ? Mais alors, il n'y a pas d'espoir pour nos deux jeunes hommes ? C'est ça, tu as tout compris petit. Une oeuvre de Naruse qui, c'est le moins qu'on puisse dire, ne respire point l'optimisme à tout crin... On pense que l'exaltation de nos jeunes gens finira par venir à bout des obstacles qui se dressent sur leur chemin, comptant sur le gars Naruse pour trouver une ultime solution à leur problème... Mais en 1936, au Japon, on ne croit pas automatiquement aux lendemains qui chantent... 

vlcsnap_97966

Asa est tout penaud depuis qu'il a appris que sa promise, Kasumi, devait, pour éponger les dettes de la famille, se marier avec un vieux type friqué. Il a beau avoir une prestance du tonnerre, il sait qu'en plus de ne pas être richissime, sa mère est loin de venir de famille royale - il ne se cache pas d'ailleurs pour lui faire comprendre qu'elle ne vaut finalement guère mieux qu'une geisha - méchant garçon... Son jeune frère, Yuji, tente tout de même de lui remonter le moral et le pousse à ne pas baisser les bras si vite. Yuji a, qui plus est, pleine confiance en Kasumi et doute que cette dernière se prête aussi docilement aux desiderata de ses parents. Avec l'aide d'une amie de Kasumi, la malicieuse Tsukiko, Asa et Kasumi parviennent finalement à se voir en catimini ou à s'échanger des lettres. Tout ne semble pas totalement le mort tant les deux jeunes gens semblent profondément amoureux l'un de l'autre... Vient alors une séquence cruciale : après qu'on a découvert les lettres d'Asa à Kasumi, dans un tiroir du bureau de cette dernière qu'on a joyeusement défoncé, un envoyé de la famille de Kasumi se rend chez Asa pour qu'il donne, à son tour, les lettres que lui a envoyées presque quotidiennement sa douce... Plutôt que de les rendre, il préfère les déchirer sauvagement avant de les brûler (il aurait pu directement les brûler, vous allez me dire, certes, mais on voit bien que, le fait de les déchirer d'abord, lui permet d'extérioriser une terrible rage...). Les deux amants sont rapidement face au mur - le mariage de Kasumi approche - et même si chacun a exprimé auparavant le désir de se suicider, on n'ose croire que leur cas soit aussi désespéré.  Parallèlement à leurs mésaventures, on suit l'idylle qui commence de naître entre Yuji et Tsukiko - Yuji n'est forcément pas mieux loti que son frère et semble également ne pas pouvoir prétendre à un mariage avec une jeune femme de ce "standing" ; leur liaison, sans en dévoiler l'issue ou le devenir, sera forcément fortement influencée par l'histoire d'Asa et Kasumi. Pour le meilleur ou pour le pire.

vlcsnap_98418

On assiste à un très bel enchaînement de séquences lorsque Kasumi parvient enfin à rendre visite à Asa ; on suit le couple dans la maison d'Asa, puis, sans que le dialogue s'interrompe entre eux, on les retrouve dans la rue puis au bord de la plage. Même si Kasumi semble être parvenue à échapper à la surveillance des siens, les deux jeunes personnes ne se font guère d'illusion sur leur avenir - plutôt "mourir seul" que d'être séparés, annoncent-ils gravement, on espère juste qu'ils ne vont pas finir par se prendre eux-mêmes au mot... Même s'il devient de plus en plus difficile pour Kasumi de communiquer avec Asa, elle saura par la suite user d'un subtil subterfuge pour rester seule avec son amie Tsukiko (et lui confier alors une lettre pour Asa) : alors qu'une duègne ne la quitte pas d'un oeil, elle se met au piano et éloigne ainsi sa surveillante - celle-ci pense que sa présence risque de troubler son art (!)- et l'on sent bien à quel point, par cette mignonnette petite scène, son entourage familial est incapable de se mettre au diapason avec sa sensibilité, ses sentiments. Un coup de sort pourra-t-il venir en aide à ces deux jeunes amants ? Il vous faudra croiser les doigts super fort pour que votre voeu soit exaucé. Dépression au-dessus du chemin, possible...      

vlcsnap_98719

Commentaires
Derniers commentaires