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11 juin 2010

Le Testament du Dr. Mabuse - version française - (1933) de Fritz Lang et René Sti

52442577Assez étonnant d'assister coup sur coup, grosso modo, au même film (amputé tout de même de trente minutes et dans une copie qui a beaucoup plus morflé) avec cette fois-ci des acteurs français à la place des acteurs allemands; seuls Hofmeister (Karl Meixner) et Mabuse (Rudolf Klein-Rogge) jouent dans les deux versions, mais il est étonnant de voir à quel point le physique des acteurs français reste généralement relativement proche de celui de la distribution allemande. Si le professeur Baum (Thomy Bourdelle) a le même regard inquiétant que son homologue allemand et demeure tout aussi impressionnant lors de ses envolées sur Mabuse, le commissaire Lohmann, interprété par Jim Gérald, est, lui,  beaucoup plus à la coule et rigolard - et dix fois moins finaud - que l'excellent Otto Wernicke dans la version allemande; relativement gouailleur (tu fermes les yeux, on dirait Jean Renoir, surtout lorsque le commissaire se met en pétard lors d'un interrogatoire), on sent bien qu'il amène beaucoup moins de subtilité à son rôle que le gars Otto. Le personnage de Ken est joué ici par un beau gosse gominé un peu falot, Lilly passe de brunette à blondinette, et la troupe de criminels fait, en règle général, un peu figure de bras-cassés comparée à l'ensemble du casting allemand (le type au chapeau melon qui cuisine les saucisses fait autant penser à un voyou que moi à un haltérophile). Dès la séquence d'ouverture, on tique une seconde, le montage de la version française ayant eu l'audace de couper à la tronçonneuse ce merveilleux travelling avant initial. On s'en remet tout de même rapidement (on va po jouer au puriste offusqué tout du long à la moindre coupure), et on prend rapidement un certain plaisir à découvrir la mise en scène pointilleuse de Lang qui s'évertue à reproduire le plus souvent au millimètre exactement le même plan (pas du genre à se permettre des variations pour le fun, le gars Fritz). C'est donc, en dehors du jeu des comédiens, surtout au niveau du montage que les différences se font sentir, la version française amputant notamment toute une partie de la romance entre Kent et Lilly (au revoir le flash-back), la séquence marquante et significative avec les masques ou encore les gros plans sur le spectre de Mabuse - on sent un peu que le gars rogne dès qu'il le peut sur un passage pour arriver aux quatre-vingt-dix minutes finales, ce qui finit par donner l'impression d'assister à une sorte de version light du Testament - plus légère mais moins goûtue, forcément. La vision de ces deux versions à la suite constitue malgré tout une expérience bien intéressante, ma foi, et l'on ne saurait conclure sans louer, une fois de plus, le remarquable travail de la collection Criterion à qui l'on doit cette somptueuse édition (je vous rassure, je touche po de pourcentage).

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