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15 avril 2010

Histoire de l'Arc au Temple de Sanjusangendo (Sanjuusangen-dou, toushiya monogatari) (1945) de Mikio Naruse

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Il fut un temps où le samouraï avait une telle classe, un tel sens de l'honneur, qu'il pouvait sortir grandi d'une défaite. Ca tombe plutôt bien vu qu'on est en 45. Si on devine un tantinet où Naruse pourrait vouloir en venir, l'interprétation de Kazuo Hasegawa dans le rôle de ce samouraï, droit dans ses bottes, demeure un vrai plaisir, ainsi que la présence de la mizoguchienne Kinuyo Tanaka en protectrice de ce jeune gamin qui veut laver l'honneur de son père. Même si Naruse nous gratifie joliment de deux-trois passe d'armes - les combats au sabre constituant un véritable événement au sein de sa longue filmographie -, tout se joue autour d'une compétition de... tir à l'arc - c'est beaucoup plus pacifique, oui. Si le parcours de ce jeune homme, fébrile mais pugnace, est finalement assez prévisible, tout se joue dans les coulisses avec ce samouraï qui tire les ficelles de cette histoire : est-ce par malignité ou parce qu'il incarne le dernier des gentlemen, je crois que j'ai déjà plus ou moins répondu à la question...

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Le contexte du récit est malicieusement et rapidement planté par l'intermédiaire des guides touristiques qui font visiter ce temple de Sanjusangendo : Daiemon, un gars du pays a longtemps détenu le record dans la compète de tir à l'arc : 6200 flèches plantées dans la journée, ce qui représente déjà un sacré paquet de flèches. Mais un certain Kanzaimon Hoshino, venant de l'extérieur, l'a détrôné en en plantant 8000, diable. Daiemon ne pouvant reprendre son dû, il s'est nipponnement suicidé. Bien. On apprend dans la foulée qu'une jeune lady, Okiru (Kinuyo Yanaka), patronne d'un hôtel, a pris sous son aile le jeune Daihachirô, fils de Daiemon, et l'entraîne depuis cinq ans pour qu'il lave cet affront; il semblait jusque-là plutôt en bonne voie, se préparant comme un dingue pour la compète; seulement il commence à sentir monter terriblement la pression (mourir, c'est rien, mais décevoir sa protectrice et son entraîneur - sans parler de l'honneur de son pater -, ça fout les pétoches) et n'est pas à l'abri d'un sale du clan des Hoshino, prêt à tout pour le défier et lui péter un bras avant le grand jour. Heureusement, un mystérieux samouraï qui répond au doux nom de Karatsu Kanbei vient jouer les grands protecteurs - mettant en fuite les provocateurs - et ne comptant point son temps pour faire monter la confiance du jeunot.

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Daihachirô retrouve la grande forme mais là, coup de théâtre : Karatsu Kanbei n'est autre que Kanzaimo Hoshino himself. Joue-t-il double jeu - rahh dur pour Okiru qui commençait à lui faire les yeux doux - pour saper au dernier moment le moral du petit jeune et préserver l'honneur de son clan ou cherche-t-il, grand seigneur, à sauvegarder l'honneur de cette discipline noble : le ping-pong, pardon, le tir à l'arc ? Il affronte Daihachiro quelques jours avant la compète et l'on commence à se demander s'il ne chercherait point, subtilement, à jouer les trouble-fête dans sa tête... Suspense, c'est le Jour J, toute la ville est venue encourager son champion, certain demandant même à leur femme d'accoucher le lendemain pour assister peinard à ce challenge.

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Magnifique prestance de ce samouraï, et ce malgré une coupe de cheveux plutôt limite, belle prestation de Kinuyo Tanaka constamment en proie aux doutes qui ne sait plus à quel saint se vouer pour que ses prières se réalisent, et joli retournement de situation sur la ligne où le grand perdant pourrait faire figure de grand vainqueur... dans l'ombre. Sur un scénario qui se déroule tranquillement, Naruse parvient tout de même à faire monter la tension jusqu'au grand jour - sympa cette petite "mise en son" : un coup de gong pour chaque flèche dans la cible, un bruit de casserole pour une flèche foirée. Ce procédé permet de suivre la compétition "en fond sonore" tout en assistant aux terribles doutes qui ravagent Okiru cloitrée chez elle. Daihachirô, s'il échoue, sait qu'il lui portera un coup fatal (mignonne idée que ces deux plans enchaînés : Dai tire une flèche qui semble se planter, dans le plan suivant, dans le chignon de Okiru face à son miroir : ce n'est point, en fait, une flèche mais une épingle à cheveux, eheh). Mais l'exploit sportif mérite-t-il plus de respect que le fair-play ?: that is the question. Sympathique petit film "historique" du gars Naruse qui tombe à point nommé - dans le mille, c'est ça.

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