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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
21 janvier 2010

Une Femme survint (Flesh) (1932) de John Ford

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Petite romance qui a bien du mal à s'épanouir entre une brute au grand coeur (Wallace Beery) et une blonde au petit cul, pardon, une blonde guère digne de confiance (Karen Morley, un certain mordant); on démarre en terre teutonne avec force bières et état d'esprit bon enfant avant le grand départ pour les Etats-Unis, terre où tout est possible, surtout la corruption. William Faulkner (non crédité au générique, tout comme Ford d'ailleurs - on a juste droit à "a Ford's production") se serait fendu d'une participation à ce scénar ultra-prévisible qui laisse quand même un peu sur sa faim. Reste une introduction assez plaisante avec cette rencontre de hasard entre deux personnages qui n'avaient a priori rien en commun avant que le scénario déroule son fil blanc.

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Laura sort de tôle et semble bien esseulée dans ces rues allemandes. Elle laisse derrière elle son amant - au zonzon - et le contact censé l'aider à refaire surface ne se pointe pas au rendez-vous fixé. Heureusement, elle fait la connaissance d'un type, Polakai, catcheur et serveur dans une brasserie, véritable force de la nature au caractère débonnaire. Il prend cette petite Américano-espagnole sous sa grosse aile et lui procure le gîte. On sent bien que Polakai n'est pas d'une immense finesse - véritable masse qui prend des bains avec une petite chope de douze litres, se trimballe en salle avec un tonneau sur l'épaule et règle les petits problèmes de serrure en défonçant d'un coup de poing la porte - mais qu'il est prêt à tout pour venir en aide à cette jolie créature, finaude manipulatrice à ses heures : Polakai la surprend en train de voler sa thune et elle lui explique que c'est pour libérer son "frère" en prison. Polakai, sans calculer, s'empresse de libérer le gars, Nicky (Ricardo Cortez), véritable demi-chiure de bison au sourire narquois qui saute dans les bras de sa belle... avant de la planter. Laura, enceinte de ce pauvre type, finit par se marier à Polakai qui continue de tout gober : il a filé de l'argent au "frère" pour qu'il parte aux States soigner sa mère (tu parles, Charles) et croit que le bambin qui voit le jour est le sien (il doit pas savoir compter au delà de 6...). Polakai devient champion d'Allemagne de catch à une époque où c'était encore de la lutte et emmène sa donzelle aux Etats-Unis pour briguer le titre mondial...

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On a déjà la suite du scénar en tête : Polakai se rend compte que ce sport en ces terres ricaines est corrompu jusqu'à la moelle, Laura se rejette dans les bras de son ex-amant qui joue au manager pour son mari... mais il est po dit que l'honnêteté et la sincérité d'un Polakai ne finiront pas par payer... Certes, il paie le prix fort (d'un zonzon l'autre) mais cela boucle la boucle de cette rencontre du "destin" entre nos deux héros. Ford soigne ses décors (l'incontournable Cedric Gibbons en directeur artistique) et la touche réaliste - jolie balade en barque pleine de cachet non loin d'une "guinguette" locale, nombreux dialogues en allemand au départ avec des personnages haut en couleurs aussi hystériques que des Italiens... Bon, la partie catch-lutte (pourquoi accélérer l'image lors des combats...? On dirait presque du Chaplin...) n'est pas forcément passionnante et d'une originalité folle - le ponte véreux avec son cigare, le petit manager opportuniste... - mais permet au gars Polakai de montrer que sous le gras (le "flesh" du titre...? Hum) il y a un petit coeur qui bat. Pour compléter une odyssée, dirait l'ami Gols, même si le film demeure relativement honnête et carré comme un ring...      

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Commentaires
P
On se dit, pour se consoler, que le gars Ford s'est plu à mettre en scène sa version du "dernier des hommes" déguisé en "Wrestler". C'est finalement tiraillé entre les genres qu'on guette les moments de plénitude fordienne qui se font attendre jusqu'au plan final. Pas sûr que j'ai envie de refaire le match.
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