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28 juin 2009

Chronique d'Anna Magdalena Bach (Chronik der Anna Magdalena Bach) de Jean-Marie Straub & Danièle Huillet - 1967

LeonhardtasBach3 nouvelles livraisons straubiennes dans ma vidéothèque, qui commencent avec le tube du couple infernal : Chronique d'Anna Magdalena Bach. Soit une vie de Bach racontée par sa femme, faite de petits évènements factuels (les engagements de son mari dans différentes chapelles de Leipzig, ses soucis avec ses supérieurs, les 32 enfants qu'il perd en bas âge, etc.), mais surtout faite de musique. Et de ce côté-là, on peut dire que les Straub sont au maximum respect : entre les documents d'époque, manuscrits, partitions, ils insèrent de très longues plages musicales, filmées "live" par des musiciens en perruque dans des cadres serrés et en plans-séquence. D'où l'agréable sensation que la musique de Bach est le sujet principal du film : pour une fois, elle n'illustre pas les images, mais bien plutôt le contraire : elle est la texture-même du film. On regarde la musique se faire, au plus près dans les moments de solo à l'orgue (plans sur les mains, cadres simples sur l'exécutant), plus largemenAnna_Magdalena_Bach_Rear_Projectiont dans les morceaux de concert (beaux plans qui encadrent un groupe d'hommes, avec des légers zooms à l'intérieur pour venir souligner un thème). Les Straub ne démordent qu'à de rares exceptions de ce dispositif très simple. C'est rigolo comme un dimanche de novembre, mais le fait est que c'est sûrement la seule bonne façon de rendre compte de cette vie uniquement dévouée à la musique.

Quand le film sort un peu de cette austérité, c'est d'autant plus impressionnant. On est habitué maintenant à ces rares et brusques changements de ton dans les films de Straub et Huillet : ils inventent un dispositif fermé qu'ils utilisent pendant une grande partie du film, et subitement le cassent pour rompre l'ensemble. Ici, ce sont par exemple deux plans sur l'extérieur qui arrivent comme des cheveux sur la soupe : sur la mer pour amener des bribes de fiction dans le "documentaire", ou sur le ciel pour faire écouter un morceau particulièrement puissant de Bach. De même, l'arrivée de scènes jouées à l'intérieur du procédé "à plat" est assez bluffant : les compères se croient tout à coup dans "Au flFl_Illustration_19019théâtre ce soir" et se permettent même, mais oui, un ou deux plans de coupe... Il y a aussi un cadre particulièrement anachronique, où Bach dirige un orchestre situé hors-champ, alors que derrière lui brille un flambeau très artificiel, le tout devant une diapositive montrant une façade de palais. Si les Straub s'amusent avec les transparences, maintenant, où va-t-on ? En tout cas, c'est un des films les plus accessibles du couple, et pour peu qu'on aime la musique de Bach (ce qui n'est pas vraiment mon cas, d'où ma gène) on doit passer un bon moment. Qu'on peut aussi passer en écossant des haricots, je ne dis pas, mais enfin...

Tout Straub et tout Huillet, ô douleur : cliquez

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