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14 avril 2009

L'Innocent (L'Innocente) (1976) de Luchino Visconti

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On aura beau dire ce qu'on veut mais rares sont les cinéastes qui arrivent à la cheville de Visconti lorsqu'il s'agit de filmer des personnages dans un appartement luxueux ou une allée ombragée, le profil, le visage d'une femme fragile derrière un voile ou le regard noir d'une femme conquérante ou encore les ébats enfiévrés d'un couple. Dans le domaine des images, rares sont les cadres aussi fournis dans lesquels on puisse apprécier un tel soin dans le mariage des couleurs et des tons. Pour ce qui est de la peinture sentimentale de ses personnages, Visconti, dans cette ultime oeuvre, dessine à l'aide de petites touches leurs emballements soudains comme leurs tragiques désillusions et bien que l'histoire qu'il nous conte soit terriblement classique, ces liaisons dangereuses à la sauce italienne laissent une impression d'une très grande force.

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Giancarlo Giannini (dit le mâle hâbleur) a l'habitude de tromper sa femme, la sublime Laura Antonelli. Cette dernière le laisse vaquer à ses petites infidélités sachant qu'il finit toujours par lui revenir. Seulement lorsqu'il rencontre Jennifer O'Neill (des yeux de charbon à se damner), il tombe cette fois-ci sur une sérieuse cliente. Il ne tarde point d'ailleurs à avouer à sa femme les sentiments qu'il a pour sa maîtresse. Pendant qu'il se brûle au contact de la Jenny, sa femme, de son côté, fait la connaissance d'un jeune écrivain en vogue et la jalousie ne va point tarder à titiller le Giancarlo qui s'empresse de vouloir reconquérir sa femme. Alors qu'il pense avoir fait le plus dur, sûr de son fait après une petite galipette sexuelle, le Giancarlo tombe des nues lorsqu'il apprend que sa femme est enceinte... de cet autre homme. Entre déclaration d'amour infini et faux-semblants, on se demande si le couple parviendra à se relever de ce coup de sort. Suspense sur un rythme à trois à l'heure... Mais à trop vouloir jouer avec les sentiments, il risque d'y avoir plus d'un perdant...

innocent

Si certaines séquences sont d'une belle sensualité (Giancarlo et son amante au coin du feu, Giancarlo se saisissant du corps nu de sa femme comme une proie qu'il semble pouvoir facilement posséder - elle s'abandonne à lui, physiquement, alors qu'elle a déjà "abandonné", sentimentalement), d'autres traduisent la rage qui bout dans le for intérieur des personnages : il faut voir notamment la fougue du Giancarlo lors de ces combats à l'escrime qui sont comme des exutoires à sa frustration, sa jalousie et son désir de vengeance, ou encore la façon dont il remue la braise avec ses longues pinces alors que sa femme est en train d'accoucher de cet enfant illégitime... Il a beau se plaire à jouer les beaux-parleurs devant les deux femmes, il est véritablement celui qui se voile la face (alors que les deux femmes, souvent voilées, font finalement preuve de beaucoup plus de constance...); lorsque cet homme, qui cherchait à tout contrôler, se rend compte que tout lui échappe, il ne lui restera qu'un dernier choix à faire... Bon, il me faut briser là, mais faut reconnaître que le cinéma de Visconti demeure terriblement somptueux et qu'il donne une âme et un relief à chacun de ses personnages d'une façon qui sidère, littéralement. Un maître dans son genre.

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