Pilgrimage (2001) de Werner Herzog

Po peu fier d'avoir enfin trouvé le seul doc du père Herzog que je n'avais encore point vu. Bon, pour vous, c'est peut-être un détail mais bon, il m'a fallu tuer pas mal de gens pour y parvenir. Sur une musique très inspirée de John Tavener (Mahàmàtra, répété 212 fois sur tous les octaves pendant une quinzaine de minutes), Herzog jette son dévolu sur des pèlerins, ici en Russie, là à Mexico. Ici, certains se traînent "ventre à terre" sur un lac gelé, là, ils marchent à genoux jusqu'à la vierge. Point de contre-champs, lors de cette séquence filmée dans la dernière ligne droite, sur l'objet du culte (à peine quelques images sur la fin pour la forme) car Herzog se concentre uniquement sur ses visages qui respirent la souffrance - ou la plénitude...- qui vont jusqu'au bout de l'épuisement, jusqu'aux larmes qu'on ne sent plus couler. Qu'un homme tienne dans un bras la croix du Christ et dans l'autre sa gamine, qu'un groupe progresse main dans la main à deux nanomètres seconde, chaque millimètre semble une victoire sur eux-mêmes, les rapprochent un peu plus de cette idole alors que le corps semble avoir presque fini d'obéir. Cette ferveur, cette passion, Herzog la capte en approchant cette caméra invisible au plus près des êtres. La dimension surhumaine de l'acte apparaît dans toute sa splendeur, sa folie, sa vérité. De l'entêtement des hommes pour aller jusqu'au bout d'eux-mêmes, un sujet, bien évidemment, éminemment herzogien.

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