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11 janvier 2009

Désengagement (Disengagement) (2007) d'Amos Gitai

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"C'est une parabole", crie le rabbin interrompu dans son discours alors que l'armée israélienne tente d'évacuer les colons de la bande de Gaza. On l'avait bien compris ainsi, dès le très long plan-séquence d'ouverture où un Israélien et une Palestinienne plaisantent sur leurs origines diverses et variées et finissent après une longue discussion complice par s'embrasser. A la vue des événements actuels, on fait un peu la grimace, certes. Ses intentions, Amos Gitai les énoncait en ces termes : "Le but est de traverser les frontières, de réunir des gens qui semblent totalement étrangers les uns aux autres. Après tout, les êtres humains savent qu'ils ont la possibilité de se rencontrer", et on comprend que le projet soit louable. Frontière raciale (la scène d'ouverture donc), frontière familiale (une jeune femme se réconcilie avec son père peu avant sa mort et va partir à la recherche de sa fille qu'elle a abandonnée à la naissance), frontière géographique (elle pénètre, pour ce faire, dans la partie de la bande de Gaza occupée par les colons), le thème est décliné sous plusieurs formes. Au niveau des symboles, Amos Gitai a tout de même un peu la main lourde : quand Ana retrouve sa fille avec une immense tendresse (belle émotion qui se dégage de cette séquence), son frère, flic, à quelques mètres de là, tente d'expulser plus ou moins par la force les colons; ils vont finir dans les bras l'un de l'autre, déchirés, mais trouvant dans leur chaleur humaine un certain réconfort... C'est un peu téléphoné, faut avouer, mais au moins le message est clair. On retrouve également dans de nombreux dialogues, notamment dans la seconde partie, de multiples appels au calme, comme si Gitai souhaitait, avant tout, apaiser les tensions et revenir à un peu plus de sérénité dans les rapports humains... On ne peut guère lui en faire le reproche.

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Au niveau de la forme, Gitai étire ses plans au maximum et le film souffre malheureusement parfois de quelques longueurs - surtout dans la première partie en Avignon, où il y a même carrément des scènes inutiles. Le grand bonheur du film, ceci dit, réside dans le jeu e-x-t-r-a-o-r-d-i-n-a-i-r-e de Juliette Binoche, toujours sur le fil, toujours admirablement juste (et c'est objectif, je vous jure). Elle se met - littéralement, d'ailleurs, dans une scène - à nu et c'est d'elle que vient souvent toute l'émotion du film, sa chaleur, sans faire injure aux autres acteurs (Liron Levo, son frère, impec; Jeanne Moreau, 237 ans et elle les fait - pardon). Pour elle, la Juliette, on est toujours prêt à s'engager...      

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