A l'Intérieur de Julien Maury et Alexandre Bustillo - 2007
Après un Godard, c'est clair qu'on tombe de haut avec ce pauvre navet. On est d'accord que dans les années 70, faire un film d'horreur sans scénario et sans moyen pouvait fonctionner (cf Evil Dead) : il y avait une volonté de choquer le bourgeois, de renouveler un peu le genre, de proposer des nouvelles donnes dans la sacro-sainte vraissemblance du cinéma, et de mettre en avant des cinéastes très jeunes avec de nouveaux regards. Mais en 2007, quid ? Je le demande, quid ? Maury et Bustillo, qui doivent être à côté dans leur classe de 6ème A, sont visiblement fans du genre, et s'attaquent frontalement à l'épineux genre gore à la française, avec comme modèle évident les fameux Craven/Carpenter/Raimi. Ils livrent un film certes éminemment gore (on est à deux doigts de la gerbe dans les dernières minutes), mais aussi franchement ridicule. La direction d'actrices est franchement hilarante : l'héroïne qui serre les dents dès qu'on lui ouvre le ventre à coups de ciseaux et qui se redresse fièrement parce qu'elle a la rage, Béatrice Dalle habillée façon Matrix poilante dans sa volonté effrénée de foutre les chocottes, et une poignée de seconds-rôles-cadavres-en-instance qui semblent tout droit sortis de Navarro. Leur jeu, qui se voudrait réaliste (et c'est tout à la gloire de Maury/Bustillo de chercher à les rendre crédibles) est laborieux comme tout. D'autant que les situations dans lesquelles ils sont plongés sont super-nazes : on finit par se concentrer uniquement sur les illogismes (les flics qui font leur ronde toutes sirènes hurlantes, les couteaux qui apparaissent dans les mains d'un plan à l'autre, Béatrice Dalle qui traverse les murs comme par magie, etc.), puisqu'il y en a dix par scène. Les réalisateurs tentent des trucs, genre mettre un son de disque vinyl en fin de piste pour montrer qu'un gusse est mort (il a plus de tête, on le serait à moins), ou genre montrer un bébé dans le ventre de sa mère (des images de synthèse laidissimes), mais sans se rendre compte que ça ne donne rien. Dire qu'ils sont deux sur le coup... Et puis, les geysers de sang sont bien faits, c'est vrai, mais c'est quand même un poil too much : la nana qui s'ouvre la trachée pour pouvoir respirer convenablement après une bagarre, c'est marrant, mais ça fait un chouille sortir du film. D'autant qu'on ne pige franchement rien à l'ensemble (qui peut me dire d'où sort cette espèce de zombie à la fin ?), le tout baignant dans une atmosphère enfumée et bleue improbable (m'est avis que l'héroïne devrait refaire sa déco, ou au moins s'acheter des interrupteurs, histoire d'y voir un peu clair ; les fumigènes dans les apparts, c'est pas top niveau hygiène). Tout ce qu'on peut dire finalement, c'est que c'est plus long que le Godard (merci à Anne pour cette phrase finale).