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23 août 2008

L'Echine du Diable (El Espinazo del Diablo) de Guillermo del Toro - 2002

image_CC_81chineDel Toro a bien du mal à faire un choix net dans El Espinazo del Diablo. Il voudrait bien faire un film poétique sur ses souvenirs d'enfance sur fond de guerre d'Espagne, mais peine à faire exister un arrière-plan vraiment viable et se rend vite compte que celui-ci ne mène pas à grand-chose. Il voudrait bien également faire un film fantastique bon genre, mais ses recettes sont bien trop éculées pour vraiment fonctionner : eaux saumâtres enfermant des fantômes de petit garçon vengeur, longs corridors inquiétants, apparitions mystérieuses de spectres à tous les coins de décors, musique sourde qui souligne chaque pic de peur... On dirait que les cinéastes espagnols récents n'ont qu'un décor à leur disposition (un orphelinat) et que les éternels mêmes enfants-acteurs (qui sont pour le coup très bons ici). Il voudrait bien, du coup, construire une fable sur les rapports elespinazoentre adultes et enfants, mais a bien du mal à rendre poreux les deux univers : il y a d'un côté les histoires des grands (la guerre, les rapports amoureux), de l'autre celles des petits (les rivalités, le fantôme), comme si on assistait à deux films différents. L'errance du réalisateur, malgré tout son talent pour la photo et le montage, finit par vider le film de toute substance, et on cherche en vain le vrai but de tout ça. Si on veut nous faire peur, c'est raté, si on veut nous émouvoir, c'est raté, si on veut nous faire comprendre quelque chose de plus profond, c'est raté.

Et puis subitement, dans la dernière demi-heure, on sort de notre torpeur. Del Toro évacue petit à petit les adultes de son film, et se concentre sur ce groupe de petits s'organisant pour survivre. Un méchant ogre, un trésor enfoui, une solidarité qui s'installe, petit à petit El Espinazo del Diablo se met à ressembler à un bon vieux 1Stevenson, voire (toutes proportions gardées) à tous ces grands films sur l'enfance brimée (Moonfleet, The Night of the Hunter...). Voilà qui est bien mieux pensé, et qui arrache in extremis le film de la banalité. Les dernières séquences sont judicieusement écrites, on retrouve quelques chose des cauchemars d'antan, grâce à ce personnage odieux et sans quartier qui fait bien plus peur que le fantôme. Quelques détails sont également assez originaux, comme cette bombe trônant en plein milieu du décor (balancée d'un avion, elle n'a pas explosé... mais pour combien de temps ?). Finalement, c'est relativement plaisant, mais je vous conseille quand même d'arriver une bonne heure en retard à la prochaine séance.

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