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Shangols
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7 novembre 2014

La Femme et les Favoris (Shukujo to hige) (1931) de Yasujiro Ozu

Egalement intitulé La Femme et la Barbe, le titre français ci-dessus ajoute à la confusion (subtil jeu de mot sur "favoris" se dit-on) mais qui finalement est peu en accord avec l'histoire. "Le barbu et ses favorites" serait finalement plus en adéquation avec la trame.

The_Lady_and_the_Beard1

Okajima est un pro dans l'art du combat traditionnel (Pierre Richard a dû s'inspirer fortement de la scène d'ouverture dans le Retour du Grand Blond, franchement hilarante - oui, bon pas sûr qu'il l'ait vu, ok) et porte fièrement sa grosse barbe style Capitaine Haddock. Il est invité chez un jeune aristocrate et croise en route une jeune fille délurée et occidentalisée qui attaque une chtite avec un couteau pour avoir de l'argent. L'Okajima est impérial et met en déroute en un tour de main et deux coups de bâtons la braqueuse et ses deux acolytes. La chtite remercie son sauveur et se répand en courbettes. Notre Okajima reprend sa marche sur ses socks qui feraient passer les talonnettes de Sarko pour des espadrilles et s'en va gaillard chez le jeune baron. Il y trouve une ribambelle de jeunes filles en fleur qui ne tardent point à battre froid ce type hirsute complètement démodé à leur goût de nippones friquées et modernes. Sur les conseils de la chtite, qu'il recroise alors qu'il cherche du taff, Okijama se rase finalement la barbe et ne tarde point à trouver un emploi dans un hôtel. L'aristo, l'occidentale délurée et la chtite (modeste, portant kimono mais ouverte à son époque) vont tour à tour courtiser notre Okajima un peu dépassé par la situation.

theladyandthebeard

L'aristo apparaît vite dans ses choix et ses revirements sentimentaux totalement superficielle, la braqueuse, elle, semble avoir perdu son âme et sa foi et seule la chtite, un mixte entre tradition et modernité, semble digne de confiance en faisant preuve de constance. Ozu signe un film qui évoque toutes les mutations de son époque avec toujours un don dans la description des sentiments (il faut voir la chtite toute pensive au départ d'Okajima, un pur moment de bonheur mélancolique) et dans le comique de certaines situations (de nombreux quiproquos comme la mère de la chtite qui prend Okajima pour un simple vendeur de journaux et l'envoie paître avant de se confondre en excuses - 45 courbettes - lorsqu'elle comprend sa méprise). Ozu fait preuve d'un don inouï pour capter toujours les petits détails (gros plans, en coupe, sur une main qui gratouille une chaise d'énervement, sur une mère qui pince les fesses de son fils qui a dépassé les bornes, sur les pieds peu soignés d'Okajima qu'il couvre de son chapeau comme pour cacher la gène de sa condition) et, usant avec une grande parcimonie des intertitres, montre tout ce qu'il a dire grâce à la finesse de sa direction d'acteurs et de sa mise en scène au taquet (le déplacement du cadre lorsque Okajima se saisit du bras de la braqueuse est au millimètre). Ozu, mon petit bonheur matinal, dont l'art du détail et de la suggestion n'en finira jamais de m'émerveiller.   (Shang - 22/04/08)


Tout à fait tout à fait, c'est superficiel comme tout mais absolument charmant. Pour ma part, je serais bien en peine de rajouter quoi que ce soit aux lignes énamourées de mon sensei Shang, tant on a tout de même affaire à un Ozu très mineur. Peu de ses thématiques du moment sont vraiment présentes (presque pas d'allusions à la société occidentale et américaine, tiens), le style est parfois un peu brouillon ; mais oui, il y a ces micro-détails vraiment extraordinaires, des gros plans qui, par leur simplicité, apporte énormément de sentiments aux scènes les plus banales. Et puis l'humour : cet acteur est vraiment fendard avec ses mimiques entre le guerrier farouche et la jeune fille gracile, et les courbettes se comptent par paquets de 12, c'est vraiment bien. Voilà, après, c'est un Ozu qui ne restera peut-être pas dans l'Histoire non plus...   (Gols - 07/11/14)

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