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Shangols
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8 janvier 2008

Les Climats (Iklimler) (2007) de Nuri Bilge Ceylan

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La crise d'un couple filmée en plans fixes, sans dialogues ou presque, dans son intériorité la plus intime, ça vous rappelle rien ? A Ceylan aussi, ça lui rappelle Antonioni, modèle qu'il brandit sans complexe tout au long de ce film ardu et pas commode. Le problème, c'est que l'ombre du géant envahit un peu trop Les Climats, et que Ceylan n'en a pas le génie.

Si le film est très beau dans sa radicalité, dans la longueur de ses plans, et dans ses paysages splendides que même la copie pourrie qu'on m'a projetée n'a pas réussi à bousiller, on sent Ceylan plus préoccupé par ce qu'on va dire de lui que par ce qu'il a à dire. Tout ça manque pas mal de sincérité, et la comédienne principale, agaçante de "construction de personnage", n'y est pas pour rien. Certaines idées audacieuses

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sont plus là pour épater, semble-t-il, que par réelle conviction : comme cette scène de viol filmée dans la longueur, plan fixe assez roublard, alors que le plan suivant, beaucoup plus simple, est nettement plus inventif (le couple batailleur qui finit sur la pistache que le gars avait échappée avant, oui je sais, il faut le voir). C'est impressionnant, c'est vrai, mais pas très riche sur le fond. Les personnages, peu épais, sont assez antipathiques : un homme menteur, mutique et rageur, sa femme qui prend des poses, sa maîtresse qui rigole pour un rien, etc. On ne s'attache pas à eux, et le résultat fait que Les Climats devient une pure forme, un exercice de style certes brillant, mais un peu vide et crâneur. Ceylan apparaît comme un témoin inspiré des choses de la nature (le travail sur les sons, respirations, voix, vagues, est bluffant), comme un très bon cadreur, comme un parfait faiseur, mais il lui manque une réelle sensibilité d'écriture. A l'inverse du très beau Uzak, celui-là manque d'humour, de chaleur, de sentiment tout simplement. Un climat hivernal.  (Gols - 25/03/07)

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Est-ce une question d'humeur, d'état d'esprit, de copie (bien jolie ma copie dvd, moi) ou de climat ?... Il n'empêche que ce film minimaliste, où il n'est purement et simplement question que d'une rupture, m'a captivé de bout en bout. On rentre dans ce film doucement (ah c'est clair que c'est pas le truc qui fout forcément la patate) et l'on suit avec douleur et émotion les aléas de nos deux protagonistes. Des idées de mise en scènes très simples émaillent ce récit - ce paysage en ruines au diapason des relations entre nos deux personnages, comme des piliers qui ne soutiennent plus rien; une relation qui meurt à petit feu comme le rêve de l'héroïne qui étouffe sous le sable, son alter ego devenant pour elle de plus en plus flou (magnifique travail sur la mise au point) - jusqu'à cette scène superbe où l'homme, en manque de soleil, contemple un couple sur une plage dans une brochure touristique et se retrouve le plan suivant dans... un véritable blizzard, à l'est de la Turquie, décidant finalement de ne faire un voyage que pour rejoindre sa moitié. Il aura entre temps, malgré tout, tenté de renouer des liens avec la femme avec laquelle il avait trompé sa promise, scène d'amour forcée entre le viol et le combat contre nature: à l'image du rire mécanique de la femme, tant cette relation entre les deux n'a rien de "naturel". La fin elle-même déroute, on pense qu'ils ont fait le plus dur, ils se sont finalement réunis dans cette chambre d'hôtel mais... l'union n'a point lieu... Est-ce parce que l'homme a fait le deuil de leur relation, qu'il pose la  mauvaise question au mauvais moment sans regarder sa femme (elle semble prête à le suivre sur le champ jusqu'à Istanbul mais il lui demande à quelle heure elle doit reprendre son travail dans cette contrée éloignée, sans penser qu'elle a fait un pas définitif vers lui), est-ce qu'il expie son mensonge (il n'a pas voulu avouer qu'il avait revu sa maîtresse après leur rupture)?... De l'équilibre fragile d'un couple qui se joue parfois sur pas grand chose. Alors oui, le ton du film est plutôt grave, de longues plages de silence traduisent leur difficulté à s'avouer l'un l'autre ce qui flanche, il manque en effet l'humour caustique qu'il y avait dans Uzak, mais les doutes qui habitent les deux personnages ne sont pas forcément très olé olé.  C'est lent, oui, mais nourri d'un énorme potentiel émotif (Bilge, impossible de faire un jeu de mot dessus, je l'avoue). Très haut, sur mon thermomètre personnel.   (Shang - 08/01/08)

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