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4 janvier 2008

Marketa Lazarová (1967) de Frantisek Vlácil

Elu meilleur film tchèque de tous les temps (je vous mets de côté le meilleur film burkinabé si vous êtes sages), Marketa Lazarova est une oeuvre des plus ambitieuses, située en plein 13ème siècle, mettant en scène des hordes pas super propres sur elles mais toujours prêtes à tomber amoureuses, avec en prime, en toile de fond, la montée et la toute puissance du christianisme. Pas forcément toujours évident à suivre au premier abord, la trame s'éclaircit peu à peu, malgré les flash-back et les visions poétiques. On entre véritablement dans le Moyen-Age, à l'image, vrai de vrai, d'un Andrei Roublev, film avec lequel il partage une maestria cinématographique qui coupe souvent le souffle. Bon ça fait quand même 2h35, je vais essayer de reprendre le mien.

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Pour faire simple, Mikolas est un voleur de grands chemins qui obéit aux ordres tyranniques de son père, surnommé "le bouc" (il en a le look et, on devine même, l'odeur); il prend en otage un jeune prêtre allemand lors de l'une de ses attaques, ce qui déclenche la colère du roi; il tente ensuite de s'allier avec son voisin Lazar, récalcitrant, et pour la peine kidnappe sa fille, promise alors au couvent, la blonde Marketa. Deux amours des plus antagonistes naissent d'une part entre Mikolas et Marketa, et d'autre part entre le jeune prêtre et Alexandria, soeur du Miko. Echappant dans un premier temps aux troupes qui sont sous les ordres du roi, le clan de Mikolas finira complètement laminé. Les deux amours connaîtront également une fin bien tragique ma foi.

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Pas évident de traiter en profondeur des multiples thèmes du film : combat entre paganisme et christianisme, actes violents et échappées poétiques, pêchés perpétrés et pureté violée... la caméra de Vlacil virevoltant 3sans cesse entre les marais putrides de la campagne et les colonnes stoïques d'une église; sur une musique inspirée et glaçante, on est surtout ébloui par la virtuosité technique des plans, le sens impressionnant du cadre et le jeu constant dans le chromatisme du noir et blanc; sens de la nature (multiples plans sur les animaux, de loups tour à tour déchaînés ou majestueusement immobiles à de jeunes cerfs paisibles), plongée dans la vie intime de cette horde (pas de machine à laver, indéniablement) et dans celle d'un Mikolas jusqu'au boutiste qui contraste avec la blancheur évangélique d'une Marketa servile, violence des combats lorsque les flèches pleuvent, laissant des monceaux de cadavres, et calme serein des amants dans leurs gestes amoureux  (oui, non pas le viol, certes)... le moins qu'on puisse dire c'est que, visuellement, le film est une vraie merveille qui nous emmène aux tréfonds de cette période et de ces âmes tourmentées : des séquences de prières dans l'église avec ce long travelling ou ces contre-plongées sur les Sœurs, à cette caméra échevelée qui bat la campagne, Vlacil n'est pas avare d'effets toujours en rapport avec les états d'âme de ces personnages, plus souvent fougueux et rageurs qu'apaisés. Au final un film qui demande une certaine patience, j'en conviens, mais demeure hallucinant dans sa mise en scène - il n'y avait po de caméra au Moyen-Age, pourtant ?

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