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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
11 décembre 2007

SERIE : L'Hôpital et ses Fantômes (Riget) de Lars Von Trier - 1997

cap0046imBon, d'abord, est-ce qu'on est d'accord pour clamer en un seul élan que Von Trier est un des 4 ou 5 plus grands réalisateurs vivants ? Non, parce que sinon, autant arrêter là tout de suite : si vous êtes assez fou pour ne pas le situer parmi les grands génies actuels, vous allez détester Riget, je vous le dis avant que vous vous tapiez les quelques 10 heures de ce film. C'est l'archétype du style-Lars, une sorte de film ultime (avec Les Idiots sûrement) dans lequel toutes ses thématiques et toutes ses manières sont présentes.

Le gars a compris, comme Hitch, que le cinéma est un art de l'hypnose, de la manipulation, et cette fois, ça passe non seulement par sa brillantissime mise en scène, mais aussi dans son scénario : cette dychotomie (waouh) entre le décor d'un hôpital qu'on nous présente comme délivré des tentations kingdomoccultes et les évènements effectivement para-normaux qui s'y déroulent semble bien être une métaphore parfaite du cinéma lui-même, et tout y passe dans le refus du réalisme, dans la fascination pour la magie et l'obscurité. Les couloirs de cet hosto danois sont traversés par des spectres, des superstitions, des cérémonies claniques, des médecines parallèles, des sacrifices au hasard, des cultes vaudous, des résurrections, des religions de toutes sortes... Von Trier met en place tout un réseau fantastique au sein de la rigueur la plus austère, et met dans le même panier les paris avec la mort (un ambulancier qui roule à l'envers sur l'autoroute), les tentations catho (un médecin qui se fait greffer un foie cancéreux et devient un saint), la magie noire (spiritisme et satanisme), les rituels francs-maçons (une mystérieuse et hilarante Loge)... Tout ça pour nous asséner à la fin de chaque épisode son sourire narquois et sa philosophie à deux balles, riget67elsous l'oeil d'un couple de trysomiques qu'il nous renvoie en pleine gueule comme des miroirs du pauvre spectateur que nous sommes.

La grande puissance de ce film, c'est qu'on se laise prendre dans ses filets en étant conscient de l'entourloupe. Oui, le cinéma est bien là, dans cette sorte de rêve éveillé (belles scènes de cauchemars), dans cet abandon conscient, dans cette fascination pour l'onirisme en même temps que pour la science, le premier triomphant sans problème du second. Et tout l'art de Lars est là aussi : on a envie de le baffer, et on applaudit des deux mains devant l'audace, l'irrésumable imaginaire de ce barjot très sain, de ce scientifique illogique.

7955cEn plus de ce scénario et de ce fond puissants, la mise en scène est immense. Qui oserait, et surtout dans une série télé, une telle originalité dans le montage, notamment dans ces scènes coupées en pleine action, insérant en leur milieu des tempo radicalement différents, pour revenir à l'action principale ? La chronologie, le temps, la logique sont bouleversés d'abord par la frénésie très maîtrisée de la mise en scène, par cette constante invention, par ces expérimentations sur lesquelles on ne parierait pas un kopeck, et qui fonctionnent incroyablement. Riget est absurde, gore, punk, barré, d'un sérieux total au sein du délire, il devrait être interdit par la loi : c'est donc du grand cinéma. C'est bien THE série télé. Chapeau plus que bas.

Commentaires
S
Personnellement je mettrai Berlin Alexanderplatz sur le podium. Imparable.
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G
Ah ? euh, j'ai jamais vu Buffy et les vampires, mais bon... je veux bien te croire... J'aurais peut-être mis "La Maison dans les Bois" de Pialat en 3, moi.
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B
... et Buffy the Vampire Slayer!!!<br /> <br /> (non, c'est pas une blague)
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C
J'avoue que je ne suis pas allé très loin dans la seconde partie, la première me suffit amplement !
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G
Pour ma part, un peu déçu par la deuxième moitié de Twin Peaks, mais on est d'accord.
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