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31 août 2007

LIVRE : Hemingway Mon Frère (My brother, Ernst Hemingway) de Leicester Hemingway - 1962

Sans_titreForcément, quand on a lu tout Hemingway Ernest (et j'ajouterais avec fièvre et passion), sur quoi se rabattre, si ce n'est sur Hemingway Leicester ? Non que j'attendais grand-chose de cette énième biographie sur le maître, mais j'en éspérais tout de même quelques pépites, une autre façon en tout cas d'aborder les rapports au monstre littéraire.

Raté : Leicester est encore plus béat d'admiration devant son grand frère que les autres biographes. Bien que l'ayant finalement peu connu, étant plus jeune de trop d'années pour être vraiment complice avec Ernest, le pauvre gars semble bien avoir vécu toute son existence à l'ombre de cette encombrante fratrie. L'admiration est totale, jusqu'à l'effacement complet devant le génie ; l'écriture de Leicester semble entièrement asservie, soumise, aplatie par celle du frère. Leicester ne cesse de se placer "par rapport" à Ernest ; normal, me direz-vous, puisque tel est son sujet. Mais une telle auto-annulation fait peine à lire. D'autant que ça et là, on sent que le frérot  pourrait avoir une jolie écriture, à travers telle tournure de phrase, telle image. Tel quel, Hemingway mon Frère n'est qu'une déclaration d'amour trop modeste, trop unilatérale, trop subjective, et la biographie se transforme en gênante hagiographie.

Finalement, Leicester a peu de choses intéressantes à raconter sur son frère. Dans la première partie (l'enfance d'Ernest), où il est trop jeune pour témoigner directement, il se contente de relater en style indirect les lettres que l'auteur envoyait à ses parents. C'est d'autant plus plat que ces lettres sont lisibles directement (dans le beau et épais Correspondance Choisie). Puis Leicester, sans aucune distance, se met à retracer les (rares) rencontres avec son frère, lors de parties de pêches à Cuba (où Ernest, bien entendu, attrappe les plus gros espadons jamais enregistrés), de combat de boxe amateur (où, bien sûr, Ernest pouvait étaler comme il voulait le champion du monde), ou de batailles sanglantes en Espagne et en Normandie (où, ça va de soi, Ernest fut un héros méconnu qui fit trembler Hitler sur ses bases).Aucune distance, aucun contrepoint : tout est génial chez le frérot, jusqu'à ses divorces douteux et sa paternité je-m'en-foutiste, jusqu'à son caractère de petit dictateur et ses soûleries colériques. Je suis le premier à admirer le grand Hem, mais il faudrait peut-être reconnaître que s'il était un Messie, il y aurait belle lurette qu'il serait réssucité. Quant à ses livres, Leicester les mentionne de loin : ah oui, c'est vrai, Hemingway a aussi écrit quelques livres vachement bien. Confiné dans sa passion pour son aîné, Leicester finit par déranger franchement, et par apparaître (à l'image du titre finalement très ambigü : Hemingway, c'est lui, pas "son frère") comme ne devant son existence qu'à sa simple appartenance familiale au maître. Bref, on passe à côté du livre, tranquillement et sans ennui certes, et on attend toujours le vrai livre sur le vrai Hem.

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