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7 juin 2007

La Commissaire (Komissar) (1967) d'Aleksandr Askoldov

commissar1Interdit pendant 21 ans, ce film qui a finalement reçu l'Ours d'argent à Berlin en 1988 recèle quelques moments très forts; l'histoire en une ligne: la commissaire est membre de l'armée rouge - on est en 1920- et se retrouve dans une famille juive pour accoucher; si les premiers jours sont plutôt tendus - aussi bien à cause du manque d'espace, ils ont déjà 6 enfants, que pour les différences d'opinion -, ils vont peu à peu apprendre à cohabiter.

Comme dirait le mari juif qui en a un peu marre du même régime: "Le premier jour Dieu a créé les patates. Le deuxième jour, il a créé les patates. Le troisième jour,Kommissaeren il a créé les patates. Le quatrième et le cinquième jour, il a aussi créé les patates. Pourquoi a-t-il fallu qu'il crée l'homme le sixième?". L'ambiance n'est point dénué d'humour et même si l'éducation de six enfants en ces temps de vache maigre pose problème - je vous passe les diverses maladies que peuvent chopper les bambins, en gros toutes sauf le choléra - la femme du couple assume son rôle de mère jusqu'au bout sans vouloir effrayer la transfuge rouge. Cette dernière dont le mari a été tué lors d'une attaque, se remémore alors même qu'elle accouche divers épisodes qu'elle a vécus dans le désert pendant la guerre: à peine lui demande-t-on de pousser, qu'elle se revoit maudire sa race à tirer un canon embourbé dans les sables et elle commence même rapidement à divaguer lorsque ses douleurs lui font imaginer une troupe de soldats en ligne passant la faux dans une dslpcommiune du désert (séquence visuellement impressionnante, renforcée par les effets sonores); la fin de l'accouchement se superpose dans son esprit au bruit infernal de chevaux en fuite au galop et on se dit qu'elle a dû souffrir sa mère. Plusieurs séquences valent tout autant le détour comme celle des enfants qui "jouent" à la guerre et finissent par attacher leur soeur sur une balançoire - la cruauté de la guerre semblant influencer tous leurs jeux, ou encore ce cauchemar du mari, l'image devenant rouge sang, qui imagine tous les Juifs portant une étoile sur leur costume (ça, ça a po plus au gouvernement...) regroupés et conduits dans un camp. Il y a également, alors qu'une riposte de l'armée blanche est prévue dans la ville et que tout le monde s'est barricadé chez lui, cette danse de l'espoir entre tous les membres de la famille juive, chacun se détachant sur un fond noir alors que la caméra opère une léger mouvement vers le haut pour capter toute la grâce des mouvements de leurs mains - proprement magnifique. La commissaire, bien qu'elle finisse par se sentir comme chez elle dans cette famille adoptive, décidera tout de même d'abandonner son bébé pour se rallier aux troupes coco qui partent au combat - au grand dam des Juifs incapable de comprendre la psychologie de cette femme.

Si le rythme de l'ensemble est relativement lent,  les performances des acteurs donnent au film une densité incroyable, ainsi que la caméra parfois virtuose d'Askoldov - à l'image de ce long plan séquence au marché où la caméra s'infiltre parmi les commerçants. Une rareté digne d'être découverte.

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