Assassination (Ansatsu) (1964) de Masahiro Shinoda
Résumer l'histoire en 2 lignes quand il y a déjà 4 minutes d'introduction sur le contexte historique du Japon en 1953, est une gageure. Il s'agit surtout de dresser le portrait d'un homme, Kiyokawa, qui passe des alliances tour à tour avec l'Empereur et le Shogunat (qu'il trahit) pour mieux rester fidèle aux principes qu'il s'est fixé: servir l'Empereur pour débarrasser le Japon de la vermine américaine.
Le plus impressionnant, une fois que l'on tente de faire l'impasse sur le contexte historique et les multiples clans et personnages qui gravitent autour de cette figure - charismatique mais pas forcément sympathique -, est la façon dont le récit est construit; c'est pas Citizen Kane, mais chacun y va de sa petite anecdote pour essayer de cerner cet homme mystérieux: des flash-back contés par les multiples personnages qui l'ont connu, sa dulcinée, ses compagnons de troupe, un jeune homme au service de l'empereur dont il a sauvé la vie (...) émergent des séquences d'une certaine virtuosité; ainsi ce fantastique combat entre samouraïs dans une auberge avec des clients qui courent dans tous les sens, les coups de sabre tombant comme une pluie tropicale; Kobayashi se permet même quelques arrêts sur image d'une grande force notamment quand, lors d'un corps-à-corps, l'un des deux hommes imbriqué demande à un troisième de tuer son ennemi en le transperçant lui-même - Gosh... Très bel arrêt sur image également lorsqu'il fait l'amour pour la première fois avec sa future compagne, Oren, l'image se figeant sur le visage de celle-ci pendant que la bande-son (des cris de souffrance ou de plaisir...) continue. Kiyokawa est on ne peut plus complexe - capable de trancher la tête d'un marchand, sur un coup de sang, puis ensuite d'avouer sa faute comme un enfant dans les bras d'Oren - mais son sens de la provocation et son arrogance (et le sake) vont finir par le perdre un soir dans une petite ruelle (mourir à 34 ans c'est con).
Si la complexité narrative ne vous rebute point, hara-kirisez vous sur ce film magnifiquement mis en image par Masao Kosugi.