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15 octobre 2006

Entre le Ciel et l'Enfer (Tengoku to jigoku) d'Akira Kurosawa - 1963

S.O.S. blog en déroute à votre service. Après la critique d'un Francis Veber par mon collègue à la dérive, un Kurosawa, c'est bien le moins qu'on puisse faire, aux grands maux etc. Et pourtant c'est dimanche...

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Entre le Ciel et l'Enfer est un AK honnête, sans plus, un de ces films qu'on est très content d'avoir vus pour sa culture personnelle, mais qui ne restera sûrement pas dans les mémoires. Rien de raté, pourtant, ça se laisse regarder très facilement et avec beaucoup de plaisir. Il y a même de très grands moments. La première heure, notamment, est audacieuse comme tout et bluffante à mort : AK enferme 7 personnages dans un appartement sombre et laisse tourner. Le huis-clos est très réussi, surtout grâce à la direction d'acteurs, que Kurosawa fait se déplacer dans l'espace avec un grand sens de l'esthétique et une constante attention à la force des images. Le seul placement des acteurs les uns par rapport aux autres met en place des réseaux entre les personnages, ce qui fait regretter que Kuro n'ait jamais fait de mises en scène de théâtre (je dis ça, j'en sais rien). En tout cas, cette première partie est théâtrale dans le meilleur sens du terme, je préfère même ce film-là aux Bas-Fonds du même AK, basé sur le même principe du lieu clos. Au niveau scénario, ce début de film repose sur un dilemme assez prenant, il est psychologique et tendu comme un slip. Mifune est bien entendu énorme, tout en colère rentrée et en noblesse d'âme. Comme d'habitude, sa voix rauque fait son effet (quand il demande à son garçon d'aller se coucher, ça donne : miroguCHIII.. AKKKAAAAAAAAAAAAAAAWWWWAAAAAAAAAAAAA, le gamin se le fait pas dire deux fois).

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Ensuite, le gars sort prendre un peu l'air (et oublie Mifune, dommage), et on assiste à une enquête policière très marrante et captivante dans ses rebondissements. La police japonaise y apparaît tout à fait compétente, Jack Bauer peut se remettre en pyjama. Petit à petit, l'étau se resserre autour d'un malfrat responsable d'un rapt d'enfant, c'est intelligent et ça prend la forme d'un jeu de piste réjouissant. On s'appuie même sur les dessins à deux yens du petit garçon (qui dessine le Mont Fuji comme mon neveu les lapins) pour arriver au but. C'est très amusant, rien à dire.

high_and_low_xl_01Enfin, la dernière demie-heure, la plus belle, nous montre un AK beaucoup plus moderne, qui suit le fameux malfrat dans les bas-fonds immondes de la ville. Là, on sent ce que le cinéma contemporain japonais doit au vénérable maître : personnages "Tsui-Harkiens", ambiances glauques entre expressionnisme et réalisme poétique, flashs christiques, sens aigu du rythme (très jazzy) et de l'espace (les figurants sont parfaits !), violence "immobile", ambiances polar noir, images choc, ancrage social,... Entre la photo hyper-contrastée et la musique moderniste, Kurosawa trouve un style très impressionnant. La dernière séquence, sèche comme un coup de bambou, laisse rêveur, comme si Kurosawa avait dirigé ses 2h30 de film uniquement pour cette fin-là : une critique de la vengeance et de la peine de mort à travers le face-à-face entre un criminel et sa victime (qui est somme toute peu touchée par le crime). J'aurais bien vu Gad Elmaleh dans le rôle du gardien de prison...

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